VI.
D'après ce témoignage de saint Cyprien, vous voyez que l'Eglise, appelée catholique en raison même de son universalité, n'est jamais sans renfermer dans son sein des pécheurs publics, dont la présence cependant ne doit pas être pour nous un motif de quitter cette Eglise. Elle renferme aussi des justes, et si on ne les considère qu'en eux-mêmes, ils sont très-nombreux; tandis que si on les compare à la zizanie ou à la paille, leur nombre devient respectivement très-petit. En effet, ce n'est pas en dehors d'elle, mais en elle-même, que s'accomplit cette parole du Sauveur : « Parce que l'iniquité a abondé, la charité d'un grand nombre se refroidira1 ». Mais c'est elle aussi qui forme ce peuple répandu sur toute la terre et auquel il est dit : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé2». Quant à ceux dont la foi, petite comme un grain de sénevé, est capable de transporter les montagnes, assurément ils sont en fort petit nombre. Car c'est de cette foi que le Seigneur disait : « Quand le Fils de l'homme viendra, pensez-vous qu'il trouvera encore de la foi sur la terre3? » Il ne parlait donc pas de l'apostasie de tout l'univers, comme vous l'enseignez d'après votre criminelle interprétation.