29.
Le texte sacré, toujours exact, ne dit pas ici: La colère de Dieu viendra, mais: « La colère de Dieu demeure sur lui ». Telle est, en effet, cette colère en vertu de laquelle tous les hommes sont sous le joug du péché, cette colère dont l'Apôtre a dit : « Nous avons été nous-mêmes enfants de colère par notre nature, comme tout le reste des hommes1 »; rien au monde n'en délivre, si ce n'est la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Mais pourquoi cette grâce vient-elle à l'un et ne vient-elle pas à l'autre ? La raison de cette différence peut être un secret, ruais rie peut pas être une injustice: « Car y aurait-il injustice en Dieu? Dieu nous garde de cette pensée2 ». Seulement et avant tout, chacun doit courber la tête sous les oracles des saintes Ecritures, pour arriver à leur vrai sens par la foi ; ce n'est pas en vain qu'il est écrit; « Vos jugements sont comme autant de vastes abîmes3 ! » Abîmes, en effet, dont l'immensité accable en quelque sorte le grand Apôtre quand il s'écrie : « O profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu» . Il venait lui-même d'émettre une maxime étonnamment profonde : « Dieu », avait-il dit, « Dieu a voulu que tous les hommes fussent enveloppés dans l'incrédulité, pour exercer sa miséricorde envers tous ». Et comme frappé de l'épouvante que lui inspire cet abîme, il ajoute: « O profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Combien ses jugements sont insondables et ses voies impénétrables ! Car, qui a jamais « connu la pensée du Seigneur? ou qui a jamais été son conseiller? Qui lui a donné quelque chose le premier, pour en prétendre récompense ? Tout est de lui, tout est par lui et tout est en lui. A lui soit la gloire dans tous les siècles. Amen4 ». Nous avouons donc que notre intelligence est bien étroite pour discuter la justice des jugements de Dieu, et surtout pour discuter la gratuité de- la grâce; certes, elle n'est point injuste envers des mérites antérieurs, puisque ces mérites n'existent pas; et cependant, quand elle est accordée à des sujets indignes, nous sommes moins émus que quand nous la voyons refusée à d'autres sujets également indignes.