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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De peccatorum meritis et remissione et de baptismo paruulorum Du mérite et de la rémission des péchés et du baptême des petits enfants
LIVRE PREMIER. LA MORT VIENT DU PÉCHÉ.
CHAPITRE XXII. RÉFUTATION DE l'OPINION QUI PRÉTEND QUE LES AXES, POUR AVOIR COMMIS DANS UNE AUTRE VIE CERTAINS PÉCHÉS, SONT JETÉES CAPTIVES EN DES CORPS EN HARMONIE AVEC LEURS MÉRITES, ET Y SONT PLUS OU MOINS CHÂTIÉES.

31.

Devons-nous ici, peut-être, adopter une opinion désormais détruite et partout répudiée ? Les âmes jadis auraient péché dans un séjour céleste ; elles arriveraient comme pas à pas et par . degrés à occuper le corps qu'elles-mêmes auraient mérité, et seraient plus ou moins frappées de châtiments corporels, selon leur conduite dans une vie antérieure.

Mais, d'abord, cette opinion reçoit le démenti le plus formel dans l'Ecriture sainte. A l'endroit même où le texte sacré célèbre la grâce, elle nous dit: « Esaü et Jacob n'étaient pas encore nés ; ils n'avaient encore fait ni bien ni mal, pour qu'ainsi le décret de Dieu demeurât ferme selon son choix; et ce ne fut pas à cause de leurs oeuvres, mais à cause de la vocation de Dieu, qu'il fut dit à leur mère : L'aîné sera assujetti au plus jeune1 ».

Puis, quand même on oublierait ce texte, les partisans du sentiment contraire n'échapperaient pas aux difficultés redoutables de la question présente. Ils s'y trouvent; au contraire, arrêtés, enchaînés et réduits à s'écrier: « O profondeur ! » Comment se fait-il, en effet, d'une. part, que tel homme montre, dès son jeune âge et à un degré supérieur, la modération, l'intelligence, la tempérance, l'empire acquis en grande partie sur ses passions, la haine de l'avarice, l'horreur pour la luxure, un privilège enfin d'ardeur et d'aptitude pour toutes les autres vertus, et qu'en même temps. il soit placé dans un pays où la grâce chrétienne ne puisse lui arriver par la prédication ? « Car comment invoquera-t-on celui auquel on ne croit point ? ou comment croira-t-on à celui dont on n'a point entendu parler ? Et comment entendra-t-on parler de lui, si personne ne vous le prêche2 ?» — Et comment arrive-t-il, au contraire,. que tel autre homme d'intelligence paresseuse, adonné à ses passions, tout couvert même déjà de crimes et de hontes, soit amené à entendre, à croire, à recevoir le baptême, puis à être ravi de ce monde, ou même à y vivre saintement, tout en y étant retenu ? En quel lieu ces deux hommes ont-ils amassé des mérites tellement différents, .qu'il arrive ainsi, je ne dis pas que l'un croit et que l'autre ne croit pas, car ici leur volonté personnelle a sa part d'action, mais que l'un entend et l'autre n'entend pas prêcher la foi, car cela n'est pas en la. puissance de l'homme ? En quel lieu, dites-moi, ont-ils amassé des mérites si opposés ?

Admettons.un instant qu'ils ont déjà passé .par une certaine vie dans le ciel, de sorte que leurs actes leur ont valu d'en être bannis, de tomber sur la terre, d'être attachés à telle ou telle demeure corporelle en harmonie avec leurs oeuvres précédentes. On doit croire, du moins, que si l'un d'eux a vécu plus pure Rient avant son séjour dans un corps mortel, c'est le premier des deux sans doute, puisque, loin de mériter d'être accablé de cette chair comme d'un pesant fardeau, il possède une bonne intelligence et ressent des passions moins vives, dont il peut aisément triompher ; et cependant il n'a point mérité d'en. tendre prêcher, cette grâce qui seule peut le délivrer de la seconde, mort! — Le second, au contraire, après avoir si tristement mérité là haut, dans l'opinion de nos adversaires, bien entendu, se verrait enchaîné dans une chair plus pesante et plus grossière, n'aurait par suite qu'un coeur dur et stupide, serait vaincu par la plus ardente concupiscence et par les plus tristes assauts de la chair ; et ainsi, aux péchés anciens qui lui auraient mérité de tomber en cette dégradation, il ajouterait par la vie la plus infâme en ce monde d'autres péchés plus détestables encore ; et cependant un tel pécheur aurait entendu sur la croix même la douce parole : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis3 » ; ou bien encore il se serait attaché à la personne d'un apôtre ; et, dès lors, converti par sa prédication, sauvé par le bain régénérateur, il vérifierait le texte : « Où le péché a abondé a surabondé la grâce».

A ce double exemple je ne vois pas de réponse possible en vérité pour ceux qui, prétendant défendre la justice de Dieu à l'aide de conjectures purement humaines, et ignorant les profondeurs de la grâce, inventent un tissu de fables absurdes.


  1. Rom. IX, 11, 12. ↩

  2. Rom. X, 14. ↩

  3. Luc, XXIII, 43. ↩

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Traductions de cette œuvre
Du mérite et de la rémission des péchés et du baptême des petits enfants

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