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Des actes du procès de Pélage
11.
Comment se fera ce jugement, c'est ce qu'il est difficile de comprendre dans les sain. tes Ecritures, car elles se servent de formes nombreuses pour nous faire connaître ce qui ne doit se faire que d'une seule manière. Ici le Sauveur, parlant de ceux qu'il ne reçoit pas dans son royaume, déclare que la porte leur en sera fermée, malgré leurs cris redoublés: « Ouvrez-nous ; nous avons mangé et bu en votre nom », et autres excuses semblables auxquelles le souverain Juge répondra : « Je ne vous connais pas, vous qui vous livrez à l'iniquité1 ». Ailleurs Jésus-Christ nous annonce qu'il ordonnera que ceux qui n'ont pas voulu de son règne, lui soient amenés et soient mis à mort en sa présence2. Plus loin il prophétise qu'il viendra avec ses anges dans tout l'éclat de sa majesté, qu'il réunira toutes les nations en sa présence, les partagera, placera à sa droite ceux qui auront mérité la vie éternelle par les oeuvres qu'il énumère, et à sa gauche ceux qu'il doit con. damner comme ayant été stériles pour le bien3. Plus loin il nous parle du serviteur méchant et paresseux qui a négligé de faire fructifier l'argent qui lui a été confié4, et du convive qui fut trouvé au festin sans avoir le vêtement nuptial ; or, il ordonne de leur lier les pieds et les mains et de les jeter dans les ténèbres extérieures. Dans une autre circonstance il accueille à sa suite les cinq vierges prudentes, et ferme la porte aux cinq vierges folles5. Toutes ces sentences et d'autres encore concernent le jugement futur, tel qu'il doit s'appliquer non pas à un seul homme, non pas même à cinq, mais à la multitude. En effet, s'il n'y avait qu'un seul convive qui, n'ayant pas le vêtement nuptial, dût être jeté dans les ténèbres extérieures, le Sauveur n'aurait pas immédiatement ajouté : « Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus6 » ; il l'ajoute cependant, quoique dans le fait dont il parle un seul ait été rejeté pendant que tous les autres ont pris part au festin. Il serait trop long d'expliquer chacune de ces paraboles. Mais, pour me servir d'une expression usitée dans les affaires d'argent, je dirai brièvement, sans préjudice d'une discussion meilleure, qu'il y aura pour tous un mode de jugement qui nous est inconnu et qui nous est dépeint par l'Ecriture sous des formes diverses, eu égard sans doute à la diversité des mérites qui constitueront la diversité des récompenses et des châtiments. Je reviens donc au sujet qui nous occupe, et je déclare que, si Pélage avait dit d'une manière absolue que tous les pécheurs, sans aucune distinction possible, seront nécessairement condamnés aux flammes éternelles, tout juge qui aurait approuvé cette maxime se serait fait à lui-même l'application de cette sentence: « Qui donc se glorifiera d'être absolument sans péché7? » Mais Pélage s'est bien gardé de parler de tous indistinctement, ou de quelques-uns en particulier ; sa proposition est indéfinie, et il a répondu l'avoir formulée dans le sens de l'Evangile. Dès lors les évêques ses juges devaient l'approuver. Toutefois cette justification ne suffit pas pour nous faire connaître la pensée même de Pélage, et l'on peut la lui demander sans aucune témérité, même après la sentence épiscopale.
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A work on the proceedings of pelagius
Chapter 11.--The Same Continued.
But how this judgment is to be accomplished, it is not easy to understand from Holy Scripture; for there are many modes therein of describing that which is to come to pass only in one mode. In one place the Lord declares that He will "shut the door" against those whom He does not admit into His kingdom; and that, on their clamorously demanding admission, "Open unto us, . . . we have eaten and drunk in Thy presence," and so forth, as the Scripture describes, "He will say unto them in answer, I know you not, . . . all ye workers of iniquity." 1 In another passage He reminds us that He will command "all which would not that He should reign over them to be brought to Him, and be slain in His presence." 2 In another place, again, He tells us that He will come with His angels in His majesty; and before Him shall be gathered all nations, and He shall separate them one from another; some He will set on His right hand, and after enumerating their good works, will award to them eternal life; and others on His left hand, whose barrenness in all good works He will expose, will He condemn to everlasting fire. 3 In two other passages He deals with that wicked and slothful servant, who neglected to trade with His money, 4 and with the man who was found at the feast without the wedding garment,--and He orders them to be bound hand and foot, and to be cast into outer darkness. 5 And in yet another scripture, after admitting the five virgins who were wise, He shuts the door against the other five foolish ones. 6 Now these descriptions,--and there are others which at the instant do not occur to me,--are all intended to represent to us the future judgment, which of course will be held not over one, or over five, but over multitudes. For if it were a solitary case only of the man who was cast into outer darkness for not having on the wedding garment, He would not have gone on at once to give it a plural turn, by saying: "For many are called, but few are chosen;" 7 whereas it is plain that, after the one was cast out and condemned, many still remained behind in the house. However, it would occupy us too long to discuss all these questions to the full. This brief remark, however, I may make, without prejudice (as they say in pecuniary affairs) to some better discussion, that by the many descriptions which are scattered throughout the Holy Scriptures there is signified to us but one mode of final judgment, which is inscrutable to us,--with only the variety of deservings preserved in the rewards and punishments. Touching the particular point, indeed, which we have before us at present, it is sufficient to remark that, if Pelagius had actually said that all sinners whatever without exception would be punished in an eternity of punishment by everlasting fire, then whosoever had approved of this judgment would, to begin with, have brought the sentence down on his own head. "For who will boast that he is pure from sins?" 8 Forasmuch, however, as he did not say all, nor certain, but made an indefinite statement only,--and afterwards, in explanation, declared that his meaning was according to the words of the Gospel,--his opinion was affirmed by the judgment of the bishops to be true; but it does not even now appear what Pelagius really thinks on the subject, and in consequence there is no indecency in inquiring further into the decision of the episcopal judges.