27.
Ecoutez la suite : « C'est là », dit-il; « ce que confirme l'autorité de l'Apôtre. En effet, parlant de la résurrection des morts, l'Apôtre s'écrie : « Insensés que vous êtes, ce que vous semez ne prend point de vie » ; et encore : « Mais Dieu lui donne un corps tel qu'il lui plaît, et il donne à chaque semence le corps qui lui est propre1.Si donc; comme personne ne saurait en douter, Dieu donne à la semence humaine, comme à toute autre semence, le corps qui lui est propre, sur quel principe allez-vous appuyer la culpabilité de l'enfant qui vient de naître ? Comprenez donc enfin que votre théorie du péché naturel n'est qu'un piège et une erreur. Ne soyez pas si dur à votre égard. Croyez-moi, c'est Dieu lui-même qui vous a créé; mais, je l'avoue, vous dégénérez dans une grave erreur. N'est-ce point le dernier degré de l'impiété d'oser soutenir, ou que Dieu n'a pas créé l'homme, ou qu'il ne l'a créé que pour le démon, ou que le démon a lui-même créé l'homme à l'image de Dieu ? La folie dans tout cela le dispute à l'impiété. Feriez-vous donc de Dieu un être si pauvre et si méprisable qu'il n'aurait pu donner en récompense aux plus saints personnages ce que le démon a versé criminellement dans la nature de ses tristes victimes ? Voulez-vous savoir quelle puissance génératrice Dieu a accordée même à des pécheurs ? Abraham, craignant pour lui-même la barbarie du peuple égyptien, conseilla à Sara son épouse de dire qu'elle était sa sueur. Elle fut bientôt saisie et conduite à Abimélech, le roi de cette province. Mais Dieu se fit le défenseur de cette sainte femme, apparut en songe à Abimélech, enchaîna son audace royale, et le menaça de mort s'il continuait à violer les saintes lois du mariage. Abimélech s'écria : Perdrez-vous, Seigneur, une nation innocente et juste ? N'ont-ils pas dit qu'ils étaient frère et soeur ? Il se leva donc de grand matin, prit mille drachmes d'argent, des brebis, des veaux, des esclaves, en fit don à Abraham, et lui remit intacte son épouse. Abraham pria le Seigneur pour Abimélech et Dieu guérit Abimélech, sa femme et ses servantes ». Mais, direz-vous, pourquoi donc ces longs développements de notre adversaire ? Ce qui suit va vous répondre : « A la prière d'Abraham, Dieu fit secrètement un prodige; car toute la maison d'Abimélech fut guérie de la stérilité dont Dieu l'avait frappée2 ». « Voyez donc », ajoute-t-il, « si vous pouvez regarder comme un mal naturel une fécondité que Dieu retire dans sa colère, et qu'il rend dans sa miséricorde ? Que les parents soient justes ou impies, c'est Dieu seul qui leur donne des enfants ; quand ils engendrent, ils font l'oeuvre de la nature qui se réjouit d'avoir Dieu pour auteur ; mais quand ils commettent le péché, ils obéissent à la dépravation de leurs désirs, aidés par la complicité de leur libre arbitre ».