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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De nuptiis et concupiscentia Du mariage et de la concupiscence
LIVRE DEUXIÈME. RÉFUTATION DE JULIEN.

53.

« Ce mariage que vous nous représentez », dit-il, « comme étranger à toute concupiscence, à toute émotion du corps, à toute nécessité de sexe, vous le louez sans réserve ; mais, quand il s'agit du mariage tel qu'il existe aujourd'hui, vous le traitez comme étant l'oeuvre même du démon. « Vous approuvez cette utopie de mariage dont vous avez pu rêver l'institution ; quant au mariage dont l'Ecriture a dit : L'homme abandonnera son père et sa mère pour s'attacher à son épouse, et ils seront deux dans une seule chair1, vous le proclamez un mal diabolique, une véritable maladie, et non pas un mariage proprement dit ». Que les Pélagiens déploient tous les efforts possibles pour dénaturer à leur gré nos paroles, pourquoi nous en étonner, puisque, fidèles en cela à l'habitude des autres hérétiques, ils dénaturent même les saintes Ecritures jusque dans les passages les plus clairs et les plus explicites? Qui oserait dire que le mariage peut exister sans aucun mouvement des corps, sans aucune nécessité de sexe? N'est-ce point Dieu qui a créé les différents sexes, selon cette parole : « Dieu les créa homme et femme2?» Appelés à s'unir, et à s'unir pour la génération, leurs corps pouvaient-ils rester insensibles? avec une telle insensibilité, quel mariage eût été possible? Il ne s'agit donc point ici de l'insensibilité et de l'immuabilité des corps, mais de ces émotions voluptueuses sans lesquelles le mariage pourrait fort bien obtenir ses effets, et qui n'aurait point existé, si 1a volonté était restée maîtresse des sens et de toutes les parties du corps. Nous n'avons aujourd'hui qu'un corps de mort, et cependant la volonté peut imposer ses ordres au pied, au bras, au doigt, à la lèvre et à la langue. Ne s'impose-t-elle pas à ces fonctions tout intérieures qui entretiennent la vie, en rejetant au dehors ce qui nuirait à la santé du corps ? Si le corps est sain et qu'il jouisse de sa liberté, la volonté peut commander jusque-là et être parfaitement obéie. N'en serait-il pas de même de tous les autres membres et de leurs différentes fonctions, s'ils n'étaient devenus les tristes victimes d'une honteuse concupiscence qui se révolte contre l'homme, comme l'homme s'est révolté contre Dieu? C'est là le châtiment du péché, et ce châtiment est vivement senti par tous ceux qui, même dans le mariage, voudraient soumettre leur corps aux prescriptions les plus sévères de la chasteté et de la modestie. Quant aux voluptueux, qui ne cherchent, je ne dis pas même hors du mariage, mais dans le mariage, que la satisfaction de cette honteuse passion, ils trouvent ,leur bonheur dans ce supplice de la chair, et c'est ce qui fait le supplice plus grand encore de leur esprit.


  1. Gen. II, 24.  ↩

  2. Id. I, 27. ↩

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Du mariage et de la concupiscence

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