58.
«Supprimez », dites-vous, «la cause de l'exemple, vous supprimez par là même la cause de la récompense, qui n'est autre pour nous que Jésus-Christ lui-même ». Je ne m'étonne pas que vous croyiez avoir tout dit de Jésus-Christ quand vous en avez fait votre modèle, puisque vous vous déclarez franchement l'ennemi de la grâce dont il est pour nous la plénitude et la source. «L'espoir de vivre exempts du mal nous fait chercher, dans la foi, une protection contre les misères de notre naissance; car, même après le baptême, nous ne laissons pas que de sentir notre virilité ». Sous le nom de virilité, vous désignez la concupiscence de la chair; elle persiste en nous, vous en convenez vous-même, et c'est contre elle que notre esprit doit convoiter, si nous ne voulons pas, même après notre renaissance, nous laisser entraîner par les séductions de cette concupiscence. En effet, ce n'est que pour nous entraîner qu'elle combat; et lors même que la résistance que l'esprit lui oppose l'empêcherait de nous séduire et par là même de concevoir et d'enfanter le péché1, devons-nous hésiter à la nommer un mal ? C'est d'elle que l'Apôtre a dit : «Je sais que le bien n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair2 ». Or, si Jésus-Christ avait possédé ce mal dans sa propre nature, le guérirait-il dans la nôtre?
