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Vous soutenez que, «si j'ai loué la continence du monde chrétien, ce n'est point dans le but d'inspirer aux hommes l'amour de la virginité, mais uniquement en vue de condamner le bien du mariage institué par Dieu ». Mais craignant, sans doute, qu'on ne vous soupçonnât de malveillance à mon égard, vous avez voulu donner la preuve de votre accusation, et vous me dites : «Si vous invitez sincèrement les hommes à pratiquer la continence, avouez donc que la vertu de pudeur est exclusivement en nous l'oeuvre de notre propre volonté, de telle sorte qu'il suffise de le vouloir pour être saint de corps et d'esprit ». Je réponds que je fais volontiers cet aveu, mais non pas dans le sens que vous voudriez lui donner. Vous faites de la vertu l'oeuvre propre et exclusive de la volonté ; pour moi, je soutiens que, pour pratiquer la vertu, on a essentiellement besoin du secours de la grâce de Dieu. D'un autre côté, sur quoi donc peut tomber cette répression commandée par l'esprit pour échapper au péché ? n'est-ce pas sur le mal dont le triomphe entraîne nécessairement le péché ? A moins de dire avec les Manichéens que ce mal a été mêlé à notre nature par une autre nature essentiellement mauvaise, avouons franchement que ce mal est en nous une blessure originelle dont nous devons chercher la guérison, par la grâce de Jésus-Christ, dans le sacrement de la régénération.
