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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Iulianum l. vi Contre Julien
LIVRE SIXIÈME. LE QUATRIÈME LIVRE DE JULIEN

40.

Discutons maintenant cette autre calomnie dont il vous plaît de me charger. J'aurais dit : « des hommes baptisés qu'ils sont en partie purifiés ; et cette doctrine apparaîtrait surtout dans mes sermons ». En conséquence, vous vous proposez surtout, dans votre discussion, d'étudier ces discours dans lesquels vous croyez trouver la preuve de votre assertion calomnieuse. Béni soit Dieu, car j'ai toujours enseigné que « la concupiscence de la chair ne doit pas être imputée au mariage, mais tolérée dans le mariage. « Elle n'est pas un bien résultant de l'union naturelle, mais un mal survenu en conséquence de l'ancien péché. Aussi suffit-elle à nous expliquer pourquoi les fruits issus du mariage juste et légitime des enfants de Dieu, naissent non pas enfants de Dieu, mais enfants du siècle. En effet, les parents déjà régénérés engendrent, non pas en tant qu'ils sont les enfants de Dieu, mais en tant qu'ils sont encore les enfants du siècle. Le Sauveur n'a-t-il pas dit formellement : Les enfants de ce siècle engendrent et sont engendrés1 ? Dès lors, en tant que nous sommes encore les enfants de ce siècle, notre homme extérieur se corrompt, et ne peut engendrer que des enfants de ce siècle: et pour devenir les enfants de Dieu, nous avons besoin que notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour2. Il est vrai que l'homme extérieur a été sanctifié par le baptême, et a reçu l'espérance de l'incorruption future, voilà pourquoi c'est avec raison qu'il est appelé le temple de Dieu3 ; toutefois cette glorieuse dénomination a pour principe, non pas seulement la sanctification présente , mais cette espérance ainsi formulée par l'Apôtre : Possédant les prémices de l'Esprit, nous gémissons en nous-mêmes, dans l'attente de l'adoption divine, dont l'effet sera la rédemption de nos corps4. Si donc, selon l'Apôtre, nous attendons la rédemption de notre corps, « nous ne possédons encore cette rédemption qu'en espérance, et non en réalité5 ». Tout ce qu'expriment ces paroles, le chrétien baptisé l'éprouve art dedans de lui-même, et s'écrie avec l'Apôtre : « Nous gémissons en nous-mêmes » ; ou encore : « Pendant que nous sommes dans ce corps, comme dans une tente, nous gémissons sous sa pesanteur6 »; et enfin, comme l'auteur de la sagesse : « Ce corps corruptible appesantit l'âme, et cette habitation terrestre comprime l'essor de l'esprit vers ses nombreuses pensées7 ». Pour vous, immortel concitoyen des anges dans le ciel, vous vous riez des plaintes de notre faiblesse et de notre mortalité ; et, déroulant fallacieusement ces plaintes , vous m'accusez de dire que « la grâce ne produit pas la parfaite rénovation de l'homme ». Ce n'est point là ce que j'avance; écoutez ma doctrine. La grâce renouvelle parfaitement l'homme, puisqu'elle le conduit à l'immortalité du corps, et à la félicité parfaite. Pour le moment elle le renouvelle, quant à ce qui regarde la délivrance de tous les péchés, non pas quant à ce qui regarde la délivrance de tous les maux et de toute corruption de notre mortalité, sous le poids de laquelle notre âme se sent toujours accablée. De là ce gémissement que l'Apôtre exhale pour lui. même, quand il s'écrie : « Nous gémissons en nous-mêmes ». Quant à la perfection dont nous conservons l'espérance, nous entrons par le baptême dans la voie qui doit nous y conduire. Du reste, tous les enfants du siècle ne sont pas pour cela les enfants du démon, tandis que tout enfant du démon est nécessairement enfant du siècle. Même parmi les enfants de Dieu, il en est qui sont encore enfants du siècle, voilà pourquoi ils se marient; quant aux enfants qu'ils engendrent dans la chair, ils ne sont pas les enfants de Dieu, car pour devenir les enfants de Dieu, il leur faut naître de Dieu, et non pas de la chair, du sang, de la volonté de l'homme ou de la volonté de la chair8. Ainsi donc, par le baptême, la sanctification est conférée au corps lui-même, et cependant le temps n'est point encore venu pour lui de dépouiller cette corruption, qui est pour l'âme un fardeau si pesant. Ces corps, je les suppose aussi chastes que possible, précisément parce que les membres n'obéissent pas aux désirs du péché, et méritent ainsi d'appartenir au temple de Dieu; toutefois, la grâce n'a point encore achevé son oeuvre de perfection dans cet édifice mortel, tout le temps que la chair convoite contre l'esprit et soulève ces mouvements mauvais contre lesquels il faut une répression énergique, tout le temps aussi que l'esprit convoite contre la chair9, pour assurer la persévérance de la sainteté.


  1. Luc, XX, 34.  ↩

  2. II Cor. IV, 16.  ↩

  3. I Cor. III,16.  ↩

  4. Rom. VIII, 23. ↩

  5. Du Mariage et de la Conc , liv. I, n. 19, 20.  ↩

  6. II Cor. V, 4.  ↩

  7. Sag. IX, 15.  ↩

  8. Jean, I, 13. ↩

  9. Gal. V, 17. ↩

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Contre Julien

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