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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Iulianum l. vi Contre Julien
LIVRE SIXIÈME. LE QUATRIÈME LIVRE DE JULIEN

73.

«L'Apôtre»,dites-vous, «exagère la force de la coutume ». Voudriez-vous me dire si l'homme baptisé n'a plus besoin de combattre contre cette force de la coutume? Si vous prétendez qu'il n'a plus à combattre, vous heurtez de front tous les sentiments chrétiens ; et s'il doit encore combattre, pourquoi dans les paroles de l'Apôtre ne reconnaissez-vous pas le cri d'un généreux athlète? « Les instincts des hommes dépravés », dites-vous, « s'étaient enflammés sous la pression d'une loi bonne et d'un précepte saint; car, sans la volonté propre, toute instruction était insuffisante pour inspirer la vertu ». O le spirituel interprète ! O l'illustre commentateur des oracles divins ! Que faites-vous donc de ces paroles : « Je ne fais pas ce que je veux; le vouloir m'appartient ; je fais ce que je ne veux pas ; je me réjouis dans la loi de Dieu selon l'homme intérieur ? » Vous entendez ces mots, et vous osez dire encore que la vertu a fait défaut parce que la volonté a failli ? Ne fallait-il pas la présence, non-seulement de la volonté, mais encore du courage et de la vertu, pour refuser tout consentement à cette concupiscence de la chair qui obéissait à la loi du péché par ces mouvements désordonnés ? Il refusait de céder à ces mouvements, et d'abandonner ses membres pour servir d'armes d'iniquité1 ; et cependant ressentant, ce qu'il ne voulait pas, les convoitises de sa chair contre son esprit, soulevant au contraire, contre cette même chair, les convoitises de son esprit, il s'écriait avec l'accent d'une chasteté sincère : « Par mon esprit j'obéis à la loi de Dieu, et par ma chair à la loi du péché ». Vous rappelez ces autres paroles du même Apôtre : « La loi est véritablement sainte et le commandement est saint, juste et bon. Ce qui est bon en soi, m'a-t-il donc causé la mort? Nullement; mais c'est le péché qui, m'ayant donné la mort par une chose qui était bonne, a fait paraître ce qu'il était, de sorte que le péché est devenu, par ces mêmes préceptes, une source plus abondante du péché ». Or, ce langage de l'Apôtre s'applique à sa vie passée, pendant qu'il était sous la loi, et avant d'entrer sous le règne de la grâce. En effet, c'est bien le passé qu'il exprime en ces termes : « Je n'ai connu le péché due par la loi ; je ne connaissais pas la concupiscente ; il a opéré en moi toute concupiscente ; autrefois je vivais sous la loi ». Il nous parle même de l'époque pendant laquelle il ne pouvait encore avoir l'usage de la raison : « Le commandement étant sur venu, le péché est ressuscité ; le péché ayant saisi l'occasion du commandement, m'a trompé et m'a tué par le commande ment même ; il s'est servi du bien pour me donner la mort ». Toutes ces propositions se rapportent évidemment à l'époque pendant laquelle il vivait sous la loi, et se laissait vaincre par la concupiscence charnelle, privé qu'il était du secours de la grâce de Dieu. Mais quand il s'écrie : « La loi est spirituelle, et moi je suis charnel », c'est le soldat chrétien qui nous montre ce qu'il souffre. Il ne dit pas : « J'ai été charnel »; ou bien : J'étais; mais : « Je suis ». Mais voici qu'il distingue bien mieux encore les époques : « Maintenant ce n'est plus moi qui fais ce mal, mais c'est le péché qui habite en moi ». En effet, il ne voyait plus se réaliser le mouvement des mauvais désirs auxquels il refusait impitoyablement son consentement. Quant au péché qu'il dit habiter en lui, il entend par ce mot la concupiscence elle-même ; car elle a été faite par le péché, et dès qu'elle obtient le consentement de la volonté, elle conçoit et engendre le péché. C'est ce qu'il exprime dans tout ce passage, jusqu'à ces mots : « Ainsi donc par mon esprit j'obéis à la loi de Dieu, et par ma chair à la loi du péché2 ». C'est là le langage d'un homme soumis à l'empire de la grâce, mais ayant encore à combattre contre sa propre concupiscence, et lui refusant son consentement pour échapper au péché. Il résiste à tous les désirs du péché, mais ces désirs il les éprouve et en gémit.


  1. Rom. VI, 13. ↩

  2. Rom. VII, 7-15. ↩

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Contre Julien

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