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Jul. Et que cette nature étant ainsi privée de la possession de l'éternité (laquelle sans aucun doute ne lui appartint jamais par le droit de naissance), sa volonté se portât constamment et fatalement vers le mal. Tu ajoutes : « La volonté qui est libre dans les méchants n'est point libre dans les bons » ; par ce langage, qui assurément n'est pas moins insensé que sacrilège, tu déclares libre ce que tu prétends ne pouvoir porter sa volonté que vers un seul objet.
Aug. Si la liberté n'appartient qu'à ce qui peut vouloir deux choses, savoir le bien et le mal, Dieu n'est donc pas libre, puisqu'il ne peut vouloir le mal, et que toi-même tu as dit de lui en toute vérité : « Dieu ne peut être que juste[^1] ». Est-ce que tu crois louer Dieu en lui déniant ainsi la liberté? Ne dois-tu pas plutôt comprendre que Dieu est soumis à une heureuse nécessité qui lui ôte le pouvoir d'être injuste ?
- Ci-dessus, ch. XXIII.