126.
Jul. A la vérité, Dieu a été représenté sous le nom d'un « Potier qui, de la même masse d'argile fait un vase d'honneur et un autre d'ignominie[^2] » ; mais ces paroles n'auraient dît en aucune manière être rappelées par toi : nous les expliquons, nous, d'une manière tout à fait logique, et notre interprétation contredit complètement ta doctrine : car, quand on dit que les uns deviennent des vases d'honneur, et les autres des vases d'ignominie, ce langage favorise l'enseignement des catholiques, d'après lequel le sort des vases est différent suivant la différence des volontés humaines.
Aug. Ecoute ces paroles d'Ambroise: « Nous naissons tous dans l'état du péché, nous hommes dont l'origine même est viciée et flétrie[^3] ». d'est ainsi, en effet, qu'il a compris, avec les autres qui avaient reçu et qui enseignaient là même doctrine, et qui sans aucun doute étaient catholiques; c'est ainsi, dis-je, qu'il a compris ce qui a été dit du péché et de la mort, savoir que le péché est entré par un seul homme, et que la mort a passé dans tous les hommes[^4]. Comprends donc toi-même que c'est ici cette masse d'argile de laquelle sont formés les vases, soit de la première, soit de la seconde sorte. Si en effet la solution de cette question impénétrable était celle indiquée par toi, et que le sort de chacun dépendît du mérite de sa volonté personnelle, l'évidence de cette solution serait telle que l'Apôtre n'aurait pu en aucune manière être contraint par les difficultés de cette question à s'écrier : « O homme, qui es-tu, pour contester avec Dieu[^5] ? » Saint Paul parlait en cet endroit d'enfants dont, même avant leur naissance, l'un avait été aimé et l'autre haï de Dieu, non point par suite de leurs oeuvres, mais d'après un décret de la volonté divine : c'est immédiatement après cela, qu'il a été amené à écrire les paroles que nous venons de rapporter, touchant la même masse d'argile, les vases différents et la puissance du potier.
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Id. IX, 21.
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De la Pénitence , liv. II, ch. I ou III.
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Rom. V, 12.
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Id. IX, 20.