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Jul. C'est pourquoi, dans mon premier livre, j'ai fait voir clairement, par l'insertion même de l'écrit envoyé par toi à Boniface , d'abord que je n'ai point menti quand j'ai déclaré que tous ceux qui prétendent échapper à l'odieux de faire partie de notre communion , se trouvent entraînés fatalement dans l'abîme du manichéisme , où l'on nie que le libre arbitre existe réellement et que Dieu soit le créateur des hommes ; j'ai fait -voir ensuite que tu as enseigné dans les termes les plus absolus une doctrine que tu avais essayé de repousser un instant auparavant[^1]. Cependant la réponse que je viens de citer et qui a été écrite par toi, renferme un aveu tout à fait explicite de la vérité de mes paroles. Tu as dit en effet que la foi catholique consiste à croire que le libre arbitre existe et que Dieu est le créateur des petits enfants. Or, il est certain qu'entre autres hérétiques, les Manichéens nient avec vous ces deux principes.
Aug. C'est vous-mêmes au contraire (quoi que vous ne vouliez pas le reconnaître) qui prêtez un appui à la doctrine manichéenne, à cette doctrine suivant laquelle on doit con. sidérer les maux si multipliés et si effroyables auxquels nous voyons les enfants assujettis, non pas comme un juste châtiment des péchés de ces enfants, mais comme l'oeuvre de la nation des ténèbres. Vous ne trouvez, en effet, rien à répondre aux Manichéens, quand ils vous demandent quelle est la cause réelle de ces maux. Mais quand nous-mêmes nous attribuons toutes les calamités qui affligent les enfants , au libre arbitre de l'homme, par suite duquel la nature humaine a été corrompue après avoir été créée bonne, ils se trou. vent, ainsi que vous, vaincus parla force de la vérité catholique.
- Ci-dessus, liv. I, ch. XIV.