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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE PREMIER. LES TROIS PREMIERS ARGUMENTS DE JULIEN.

64.

Julien. Si donc tu lis mon ouvrage, tu cesseras d'admirer que je sois revenu à tes paroles, après les avoir déjà citées précédemment. J'avais promis de prouver par tes écrits que, obéissant d'une part aux inspirations de l'impiété dont tu avais été nourri, et, d'autre part, craignant d'être condamné par les ennemis mêmes de cette impiété, tu avais tenu un langage conforme à la fois aux enseignements ordinaires des Catholiques, et à ceux des Manichéens. Tel est l'ordre suivi par toi dans ce chapitre que, avec la mauvaise foi et l'impudence d'un sycophante, tu prétends aujourd'hui avoir été interpolé. Je sais que j'ai promis beaucoup; je me suis engagé à démontrer par les paroles de mon adversaire, que, d'une part, ceux qui nient que les hommes soient l'oeuvre de Dieu, sont justement condamnables, et que, d'autre part, celui-là même qui confesse cette vérité, n'a d'autre but que de prouver par là le droit de propriété du démon sur tous les fruits qui naissent de la fécondité des noces. De cette manière, en effet, et par un arrêt de ceux mêmes qui la défendent, l'opinion des Manichéens sera anéantie. Mais le commencement de son livre proclame hautement et constamment cette doctrine. Il enseigne en effet que les hommes qui naissent des noces, c'est-à-dire les hommes qui naissent d'un homme et d'une femme, sont l'ouvrage de Dieu ; or, par cette maxime il détruit tout ce qu'il devait établir, et il se met d'accord avec nous pour déclarer impies ceux qui osent nier cette vérité. Maintenant que cette première partie est terminée , il me reste à montrer que mon adversaire établit de nouveau ce qu'il combattait tout à l'heure. Après avoir écrit ces paroles, j'ai traité de nouveau ce passage de ton chapitre où tu avais dit : « Ceux qui naissent d'une semblable union, contractent, suivant nous, le péché originel, et, de quelques parents qu'ils naissent , nous reconnaissons qu'ils sont sous la puissance du démon jusqu'à ce qu'ils naissent de nouveau en Jésus-Christ, et que, arrachés par sa grâce à la puissance des ténèbres, ils soient transférés dans le royaume de celui qui n'a point voulu naître de cette union de l'un et l'autre sexe ». Comment donc crois-tu pouvoir te justifier de l'accusation d'enseigner l'erreur des Manichéens, parce que tu as osé insérer dans ce chapitre une maxime que tu combattais de toutes les forces de ton esprit; tandis que, loin de servir par ce moyen la cause de ton erreur, tu donnes au contraire un témoignage de cette extrême folie par laquelle tu crois pouvoir, à la manière de Calliphonte, établir à l'aide de tes discours une alliance entre la vertu et le vice, entre la justice et l'injustice? Quant à ces paroles de l'Apôtre: « Lequel nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a transférés dans le royaume du Fils de sa charité », lis le quatrième livre de mon ouvrage, et tu verras clairement quelle a été la pensée du Maître des nations.

Aug. Nous avons répondu dans notre livre sixième à ton livre quatrième, et ce que je demande surtout aujourd'hui, c'est que les tiens et les miens soient lus par ceux qui veulent savoir combien tu t'es écarté de la vérité, dans cet ouvrage, et avec quelle force de vérité je t'ai confondu dans le mien. Quant à ce papier sur lequel ont été transcrits quelques extraits de tes livres, il t'est libre de m'imputer ce qui a été fait par celui qui a envoyé ce papier au personnage de qui je l'ai reçu à mon tour. Car, cet homme en faisant ces extraits de ton ouvrage, a transcrit à son gré ou passé sous silence ce qu'il a voulu c'est la réponse que je t'ai déjà faite ci-dessus en deux mots, mais d'une manière satisfaisante. Pourquoi t'efforcer par tes explications incompréhensibles, de te mettre à l'abri des paroles manifestes de l'Apôtre? Saint Paul dit en parlant de Dieu, qu'«il nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a transférés dans le royaume du Fils de sa charité[^1] » ; et tu prétends qu'en s'exprimant ainsi il a fait une exception pour les enfants Si les enfants ne sont pas arrachés à la puissance des ténèbres, ils ne sont donc point morts; s'ils ne sont point morts, Jésus-Christ n'est pas mort pour eux; or, tu confesses toi-même que Jésus-Christ est mort aussi pour eux; et le même Apôtre dit encore; « Un seul est mort pour tous , donc tous sont morts ». Cette conclusion de saint Paul est inattaquable : et conséquemment, puisque le Christ est mort même pour les enfants, il est manifeste que les enfants sont morts aussi, Or, le Christ est mort afin d'anéantir celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire le démon[^2]. Laisse-nous donc arracher les enfants à la puissance des ténèbres, afin qu'ils vivent. Mais pourquoi m'objecter la manière d'agir de Calliphonte ou son erreur, en disant que je crois pouvoir, par mes discours, établir une alliance entre la vertu et le vice, entre la justice et l'injustice? A Dieu ne plaise assurément que je nourrisse cette pensée dans mon coeur, ou que je cherche à l'inspirer aux autres par mes discours ; mais je te félicite d'avoir si bien compris la doctrine de ce philosophe. Car, comme il pensait que la perfection de l'homme se trouve dans les vertus de l'âme et dans les voluptés du corps, tu conclus de là qu'il a voulu unir ensemble les vertus et les vices : et par une conséquence tout à fait rationnelle, tu as déclaré que l'amour des voluptés charnelles est un vice donc la passion que tu loues est un vice. Ainsi, par un moyen quelconque, la vérité a pu parvenir jusqu'à ton intelligence; et, abandonnant un moment la cause de ta cliente, tu as parlé le même langage que nous. [^3]

  1. Coloss. I, 13.

  2. II Cor. V, 14.

  3. Hébr. II, 14.

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Contre la seconde réponse de Julien

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