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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

7.

Julien. Dans tous ses écrits; il nous répète que Dieu créa Adam et Eve simplement bons, c'est-à-dire exempts de toute , faute dans leur nature; qu'ils péchèrent par une volonté libre, et si gravement, que s'écroula tout ce que le Seigneur avait édifié dans leur nature. « Ce péché », nous dit-il, « fut, par l'œuvre du diable, beaucoup plus grave et beaucoup plus profond que tous les péchés que nous connaissons chez les hommes. Et dès lors ce péché grave du premier homme détériora notre nature au point que non seulement elle devint. pécheresse, mais qu'elle nous enfanta pécheurs; et toutefois, cette langueur qui a détruit en nous la force de vivre selon le bien, n'est point nature, mais vice. En sorte que ce péché qui dans le paradis, a détérioré l’homme, parce qu'il surpasse en gravité toutes nos appréciations, tout homme l'apporte en naissant[^1] ». Voici donc comment: il nous expose clairement sa pensée : Ces premiers hommes, nous dit-il, étaient doués d'une nature bonne ; mais ils commirent un péché tellement grave, tellement inappréciable, qu'ils tuèrent en eux la force de bien vivre, éteignirent. la lumière du libre arbitre; et créèrent pour l'avenir la nécessité de pécher : en sorte qu'il n'est possible à nul de leurs rejetons de faire de nobles efforts pour la vertu, et de se sanctifier en évitant les souillures.

Augustin. Tu t'imagines, ainsi que les. pélagiens; tes coreligionnaires, avoir dit quelque chose en t'élevant par une vanité toute humaine, au mépris de l'autorité divine, et en opposant bruyamment :les élucubrations de ton esprit à la vérité des saintes Ecritures. Si tu considérais, en effet, avec l'esprit chrétien et catholique, ce que dit l'Apôtre : « Le corps est mort, il est vrai, à cause du péché[^2] », tu comprendrais que le péché du premier homme fut tel, que la nature non d'un seul homme, mais de tout le genre humain, fut tellement détériorée que, pouvant devenir immortelle, elle encourut la nécessité de mourir ; de sorte que ceux-là mêmes qui se tournent vers Dieu, ne:peuvent, incontinent recouvrer l'immortalité par Jésus-Christ unique médiateur entre Dieu et les hommes; mais qu'elle leur est seulement promise ici-bas; par l'Esprit-Saint qui habite en eux, et qui la donnera dans l'avenir. C'est ce que nous dit le même Apôtre au même endroit : « Quiconque n'a point l'esprit de Dieu n'est point à lui. Que si le Christ n'est point en vous, le corps, sans a doute, est mort à cause du péché, mais l'esprit est vivant à cause de la justice. Si donc l'esprit de celui qui a ressuscité Jésus-Christ habite a en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ a rendra aussi la vie à vos corps mortels, à cause de son esprit qui habite en vous ». C'est donc le péché qui a tué le corps, puisqu'il impose à tous ceux qui, vivent la nécessité de mourir. Or quel est ce péché, sinon celui du premier homme? Puisque la justice du second homme, ou de Jésus-Christ, doit rendre la vie bienheureuse à ce corps que l’on nous dit mort. De là ce nom de second homme et de second Adam donné au Christ : quand nous voyons s'écouler tant de générations humaines, entre la création de l'homme en Adam, et la naissance du Christ fait homme, et que dans ces générations nul ne pourrait être appelé second homme, sinon Caïn. Mais parce que le corps fut, pour la première fois assujetti à la mort, à cause du péché d'Adam, et que les.siècles présents s'écoulent sous son empire, la vie lui sera donnée une seconde fois, par la.justice du Christ, et s'est montrée dans la chair du Christ, vie qui serait permanente pour le siècle à venir ; de la ce nom de premier Adam ou de premier homme à l'un, et à l'autre de second homme où second Adam. Et tu ne veux pas comprendre que le péché de l'un, eut assez grand pour engendrer le siècle de la mort; tandis que la justice de l'autre fut de nature à enfanter, le siècle de l’immortalité. Et tu m'objectes cette gravité du.péché du premier homme, qui fut pour tous 1es hommes la cause de si grands maux, comme si j'étais le premier à enseigner cette doctrine ? Ecoute Jean de Constantinople, ce prêtre si illustre : « Adam », nous dit-il, « commit cette faute si grave, et jeta dans la damnation tous les hommes avec lui[^3].» Ecoute encore ce qu'il dit sur la résurrection de Lazare, et tu comprendras. que même la mort du corps vient de cette, faute si grande. « Le Christ pleurait, nous dit-il, « parce que le diable avait soumis à la mort ceux qui pouvaient être immortels[^4] ». Où.donc, réponds-moi le diable a-t-il soumis à la mort tous les hommes, si ce n'est en celui qu'il, rendit par la prévarication tellement coupable, que la. félicité du paradis fut changée pour le genre humain en ce poids de misères que nous voyons st qui nous accable ? C'est ce que nous attestent non-seulement la mort du corps, mais aussi la mort.de l'âme appesantie par le corps sujet à la corruption, et ces, maux sans nombre comme sans mesure, et ce joug qui pèse sur les enfants d'Adam depuis leur sortie du sein maternel ; joug qui.pèse même dans cette parole du psaume: « Tout homme vivant, sur a la terre n'est que vanité[^5] ». Ces misères dont tu ne veux pas voir, la source, à cette grande faute du premier homme, qu'en feras-tu, à moins de les placer dans ce paradis si délicieux, comme si elles eussent, dû y régner; quand même nul n'aurait péché ; tandis que les Manichéens les attribuent à la race ténébreuse, eux qui, loin de trouver en toi un accusateur, y trouvent un défenseur, à moins que l'invincible glaive de la vérité catholique ne soit pour eux et pour toi le glaive exterminateur? Mais nous, sommes loin de dire, comme tu nous en accuses, que « nul de ceux qui naissent de nos premiers parents ne saurait par de nobles efforts s'élever à la vertu ». Il en est beaucoup, en effet, qui font ces nobles efforts, «Dieu opérant en eux a le vouloir et le faire[^6] »; en grâce à ces efforts, et au secours de. Dieu, ils ne sont pas dans l'impuissance d'y arriver. Mais si le corps qui est corruptible n'appesantissait l'âme? il ne faudrait aucun effort. Et dès lors dans le paradis, si nul n'avait péché, si un joug, pesant ne courbait les enfants d'Adam, leur obéissance à leur Dieu eût été sans effort, obéissance, facile e t heureuse.

  1. Lib. II de Nupt. et Concup., c.34.

  2. Rom. VIII, 10.

  3. Rom. IX, 8, 10.

  4. Jean Chrys., lettre à Olympiade sur la résurr. de Lazare.

  5. Ps. XXCVIII, 8.

  6. Philipp., II, 13.

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Contre la seconde réponse de Julien

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