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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE SIXIÈME. LE SIXIÈME LIVRE DE JULIEN.

35.

Julien. Transportons la lutte sur le terrain de la transmission du péché et di. sons : Si le Christ, en se faisant homme, n'a 1 pas hérité du péché de nature, comment quelques-uns d'entre vous peuvent-ils dire que l'image de Dieu est soumise à l'empire de la corruption originelle ? D'autre part, si la nature humaine est viciée dans son essence, le Christ s'est évidemment soumis à la puissance du diable, puisqu'il s'est revêtu de cette nature. Si, enfin, on le regarde comme coupable, il en résulte que nous prêchons inutilement et que votre foi est vaine : les Apôtres sont de faux témoins, car ils out porté contre Dieu un faux témoignage, si le Christ a été entaché de la souillure d'Adam pour être descendu de lui : n'ont-ils pas dit en effet, que le Seigneur a fait naître son Fils de la race de David, et que ce Fils a toujours été innocent et saint? Il est hors de doute que si un pareil Christ est l'objet de nos espérances, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. Or, le Christ n'est pas moins vrai homme que vrai Dieu ; il est sorti de la race d'Adam, il a été formé dans le sein d'une femme et sous l'empire de la loi; il n'a jamais commis le péché, il n'en a jamais porté la souillure. Voilà donc bien la preuve que notre culpabilité vient de notre faute et non de notre origine.

Augustin. L'édifice de ton raisonnement a comme pour fondation le principe que tu poses d'abord en ces termes : « Si le Christ, en se faisant homme, n'a pas hérité du péché de nature, comment quelques-uns d'entre vous peuvent-ils dire que l'image de Dieu est soumise à la corruption originelle ?» Il suffit de renverser et de détruire ce raisonnement, pour réduire à néant et avec la plus grande facilité toutes les propositions que tu en as déduites par voie de conséquence. En effet, de ce que le Christ, en se faisant homme, n'a pas hérité du péché de nature, c'est-à-dire du péché originel, il ne suit pas du tout que l'image de Dieu ne soit pas soumise à la corruption originelle. Car, de ce que la ressemblance de la chair de péché n'est corrompue sous aucun rapport, il ne suit pas le moins du monde que la chair de péché elle-même , à laquelle elle ressemble, soit exempte de toute corruption ; mais parce qu'il y a une ressemblance de la chair de péché, il faut qu'il y ait aussi une chair de péché. Car, toute ressemblance suppose nécessairement l'existence d'un modèle; et si le Christ s'est revêtu d'une chair aussi réelle que celle des autres hommes, et qu'elle seule ait eu, non pas la nature, mais la ressemblance de la chair de péché, il faut non-seulement qu'il y ait encore une chair de péché à laquelle la sienne ressemble, mais aussi qu'aucun homme ne puisse en avoir d'autre qu'elle. Nous en concluons ceci : Bien que la chair de péché soit viciée, celle du Christ ne l'est nullement.; car s'il a pris une chair réelle pour guérir la chair de péché, il s'est revêtu, non de cette chair de péché, mais seulement de sa ressemblance. Par conséquent, nous ne le regardons point comme coupable; au contraire, c'est lui qui efface nos fautes, celle de notre origine et celles que nous y ajoutons. C'est pourquoi encore la prédication de l'Apôtre n'est pas vaine, car il ne dirait pas que dans le Christ se trouve la ressemblance de la chair de péché, s'il ignorait que celle des autres fût la chair de péché. Notre foi, qui renverse votre hérésie, n'est pas non plus inutile. Les Apôtres ne sont pas davantage de faux témoins, puisque, à l'encontre de votre hérésie, ils distinguent formellement la ressemblance de la chair de péché d'avec cette chair de péché elle-même ; puisqu'à les entendre, le Christ descend de David en ce sens, néanmoins, qu'il est né du Saint-Esprit et de la Vierge Marie et non de la concupiscence de la chair, et que, conséquemment, sa chair était la ressemblance de la chair de péché, et ne pouvait être la chair de péché elle-même. Notre croyance à cet égard ne fait pas non plus de nous les plus malheureux des hommes, car ce serait pour nous le plus grand des malheurs de croire qu'il n'y a aucune différence entre la chair du Christ et celle du péché.

Aussi est-elle fausse la conclusion dont tu fais suivre ton raisonnement : « Voilà donc bien la preuve que notre culpabilité vient de notre faute et non de notre origine ». C'est là une induction qui n'est pas du tout justifiée, car j'ai démontré que les raisons ci-dessus énoncées, sur lesquelles tu penses avoir solidement appuyé ton opinion, sont loin d'être concluantes;'et, certainement parce que le vice pouvait exister dans le paradis, la corruption des petits enfants n'existerait pas après la perte du paradis, si la mauvaise volonté de nos premiers parents n'avait point aussi vicié toute leur descendance. C'est donc plutôt à toi qu'il convient d'adresser ces paroles : (Ici nous allons employer, pour la défense de la vérité, une manière de raisonner dont tu as fait usage pour défendre l'erreur.) Si le Christ-homme a été envoyé aux hommes dans la ressemblance de la chair de péché, et s'il n'y a pas une autre chair qui soit une chair de péché, pourquoi, je ne dirai pas quelques-uns d'entre vous soutiennent-ils, mais pourquoi soutenez-vous tous que la chair du Sauveur ressemble à une autre chair, qui est une chair de péché, mais qui n'existe pas? Et si le Christ n'a pas eu la ressemblance de la chair de péché, la prédication de celui qui l'a annoncé est donc vaine; la foi de l'Eglise catholique qui l'a cru n'a donc pas de fondement; l'Apôtre lui-même est donc un faux témoin, car il a rendu témoignage contre le Christ, en disant qu'il a eu la ressemblance de la chair de péché, tandis qu'il ne l'a pas eue; et, nous-mêmes, si nous le croyons, nous nous séparons donc de la société des fidèles. Or, le Christ a été envoyé dans la ressemblance de la chair de péché, seul il a eu une chair réelle, mais qui, au lieu d'être une chair de péché, n'en a été que la ressemblance; par conséquent, il nous faut nécessairement reconnaître que la chair des autres hommes est la chair de péché, à laquelle la vraie chair de Jésus-Christ ressemble, sans être le moins du monde une chair de péché.

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Contre la seconde réponse de Julien

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