36. Le renoncement est inutile, si nous nous mêlons encore des affaires du monde.
Prenez donc garde de rechercher encore quelques-unes des choses auxquelles vous avez renoncé, et de revenir du champ évangélique où vous travaillez, pour reprendre, malgré la défense du Seigneur, la tunique dont vous vous étiez dépouillé. Ne retournez pas aux désirs terrestres et aux viles jouissances de ce monde, et ne désobéissez pas au Christ en descendant du toit de la perfection pour ramasser quelque chose des biens que vous avez rejetés. Craignez que le souvenir de vos parents et de vos anciennes affections ne vous rappelle aux soins et aux inquiétudes de la terre, et que, suivant la menace du Sauveur, après avoir mis la main à la charrue, vous ne regardiez en arrière et vous ne deveniez impropre au royaume des cieux. (S. Luc, IX, 62.)
Prenez garde que l'orgueil, que vous foulez aux pieds maintenant par l'ardeur de votre foi et par votre humilité sincère, ne se relève et ne ressuscite en vous, lorsque vous commencerez à goûter la beauté des psaumes et le bonheur de votre profession. Méditez ce que dit l'Apôtre : « Si vous rétablissez ce que vous avez détruit, vous vous rendrez vous-même prévaricateur. » (Gal., II, 18.) Persévérez, au contraire, jusqu'à la fin, dans ce dénuement, cette nudité que vous avez embrassée en présence de Dieu et des anges.
Pour être admis dans ce monastère, vous êtes resté dix jours à la porte, en nous suppliant avec larmes; ne persévérez pas seulement dans cette humilité et cette patience, mais augmentez-les encore et faites des progrès. Vous seriez bien à plaindre si, au lieu de développer ces commencements et de tendre à la perfection, vous vous mettiez à descendre plus bas que vous n'étiez. « Ce n'est pas celui qui aura commencé, mais c'est celui qui persévèrera jusqu'à la fin dans cette sainte profession, qui sera sauvé. (S. Matth., XXIV, 30.)