7.
Et là est la source de tous les maux : On ne tient plus compte des serviteurs. On a donné un assez grand signe de mépris quand on a dit : C'est un domestique, ce sont des servantes. Et pourtant on entend dire chaque jour: «Dans le Christ, il n'y a plus d'esclave, ni d'homme libre». (Gal. III, 28.) Vous ne méprisez ni un cheval, ni un âne, vous mettez tout én oeuvre pour qu'ils ne soient pas vicieux; et, vous dédaignez des serviteurs qui ont une âme comme vous? Que dis-je, des serviteurs ? Vous négligez même vos fils et vos filles. Qu'arrive-t-il ensuite? Qu'il faut gémir quand ils sont tous perdus; et souvent, pour combe de malheur, après qu'ils ont dépensé des. sommes considérables au milieu de la foule et du tumulte. Ensuite si un enfant naît du mariage, nous revoyons encore la même folie, et une four d'usages ridicules. En effet, quand il faut lui donner un nom, on ne le cherche pas parmi ceux des saints, comme le faisaient nos ancêtres ; mais on allume des lampes auxquelles on donne des noms, et celle qui dure le plus laisse le sien au nouveau-né; c'est une probabilité qu'il vivra longtemps. Et s'il arrive (cas assez fréquent), qu'il meure de mort prématurée, le diable a une belle occasion de rire de s'être joué des parents comme d'enfants niais.
Et que dire des bandelettes et oies clochettes attachées à la main, et du cordon rouge, et de cent autres folies de ce genre, quand on devrait uniquement placer l'enfant sous la sauvegarde de la croix? Mais cette croix qui a converti le monde entier, qui a fait au démon une si cruelle blessure et a ruiné tout son pouvoir, elle est aujourd'hui un objet de mépris; c'est à une trame, à une chaîne, à des amulettes que l'on confie le salut d'un enfant. Dirai-je quelque chose de plus ridicule encore? Que personne ne m'accuse d'importunité, si je vais jusque-là. Car celui qui veut retrancher de la pourriture, ne craint pas de salir ses mains: Quelle est donc cette chose ridicule? Une chose qui n'a l'air de rien (et c'est de quoi je gémis), mais qui est le principe d'un vraie démence, d'une extrême folie. Des femmes, des nourrices, des servantes, mettent de la boue dans de l'eau de bain, y trempent le doigt et en marquent le front de l'enfant; et si vous le demandez : Pourquoi cette eau ; sale, pourquoi cette boue? On vous répond : C'est pour détourner les mauvais regards, la jalousie, et l'envie. Vraiment ! quelle vertu a l'eau sale ! quelle puissance a la boue ! Elle renversé tout l'empire de Satan. Et vous ne rougissez pas? Vous ne devinez pas enfin les ruses du diable ? Vous ne voyez pas comment il amène peu à peu et dès le premier âge, dans ses filets? Mais si la boue a tant de vertu, pourquoi ne vous en frottez-vous pas le front, vous homme mûr, et qui avez plus d'envieux qu'un enfant? Pourquoi ne vous en frottez vous pas tout le corps? Si une simple onction sur le front produit de si grands effets, pourquoi ne pas l'étendre au corps entier? Tout cela est une farce, une comédie satanique, qui ne prête pas seulement, à rire, mais précipite en enfer ceux qu'elle séduit.
Rien d'étonnant que de telles choses se passent chez les gentils; mais qu'elles aient lieu chez les adorateurs de la croix, chez ceux qui participent aux plus hauts mystères secrets, qui possèdent une si haute philosophie : (375) voilà ce qu'on ne saurait assez déplorer. Dieu vous a honoré de. l'huile spirituelle, et vous salissez votre fils avec de la boue ? Dieu vous a honoré, et vous vous déshonorez? C'est de la croix, cette invincible protectrice, qu'il faut se signer le front, et vous la rejetez pour tomber dans un égarement diabolique? Et s'il en est parmi vous à qui ces choses paraissent de peu d'importance, qu'ils sachent qu'elles sont l'origine de grands maux , et que Paul n’a point cru devoir les négliger comme insignifiantes. Qu'y a-t-il en effet de moins important pour l'homme que de se couvrir la tête? Et voyez pourtant quel intérêt l'apôtre y attache, avec quelle énergie il le défend, lapant jusqu'à dire, entre autres choses, qu'en se couvrant l'homme déshonore sa tête. Mais si un homme déshonore sa tête en la couvrant, comment celui qui frotte de boue un enfant, ne le rend-il pas abominable? Comment, je vous le demande, le remettra-t-il aux mains du prêtre? Comment oserez-vous prier le prêtre de marquer du sceau, un front que vous avez enduit de boue ? Ne faites pas cela , mes frères, ne le faites pas; mais dès le bas âge; munissez vos enfants des armes spirituelles; apprenez-leur à se signer le front avec la main; et avant qu'ils le puissent, imprimez-leur vous-mêmes le signe de la croix.
Que dire des autres observances sataniques que, pour leur propre malheur, les sages-femmes emploient dans les douleurs de l'enfantement? Et de celles qui accompagnent la mort et la sépulture : ces gémissements, ces lamentations insensées, ces extravagances sur les tombeaux, ce soin des monuments funèbres, ces troupes inutiles et ridicules de pleureuses, ces jours de remarque, ces entrées, ces sorties? Et voilà la gloire que vous recherchez? Et comment ne serait-ce pas le comble de la folie d'ambitionner les suffrages d'hommes aussi pervertis, aussi désordonnés dans leur conduite, au lieu de recourir à Celui dont l'oeil ne dort pas, et de ne s'attacher qu'à son approbation dans nos actes. et dans nos paroles? Les louanges de ceux-là ne sauraient nous servir; mais Celui-ci, si nos actions lui sont agréables, nous rendra glorieux ici-bas et nous communiquera, au jour à venir, ses mystérieux trésors. Puissions-nous tous tels obtenir par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
