72.
Elève-toi donc à un troisième degré et considère cette mémoire où se jouent tant d'idées que n'y a pas gravées la coutume, mais que lui ont confiées et qu'y maintiennent l'observation et les remarques : tous ces arts qui dirigent la main de l'ouvrier, cette culture des champs, ces constructions de villes, ces édifices variés, ces merveilleux monuments l'invention de tant de signes qui distinguent les lettres, les paroles, le geste, les sons de toute espèce, la peinture, la sculpture : tant de langues différentes, tant d'institutions, tant de choses nouvelles, tant de choses rétablies; un si grand nombre de livres et de monuments de tout genre pour transmettre les souvenirs, une préoccupation si grande de la postérité; ces hiérarchies de fonctions, de pouvoirs, d'honneurs et de dignités, soit dans les familles, soit dans l'Etat pour la guerre et pour la paix, soit dans les cérémonies profanes et sacrées; la puissance du raisonnement et de la réflexion, ces fleuves d'éloquence, ces variétés de poèmes, ces mille représentations destinées au jeu et à l'amusement, cette habileté dans la musique, cette exactitude dans les mesures, ces règles dans les calculs, ces pressentiments pour le passé et pour l'avenir tirés des choses présentes. Voilà de grandes distinctions . elles caractérisent tout à fait l'homme. Mais ces traits sont encore communs aux savants et aux ignorants, aux gens de bien et aux méchants.