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Le M. Je vais le faire ou plutôt ce sera l'oeuvre de la raison, notre commun guide. Te souvient-il que, dans notre entretien sur le mètre , nous avons avancé et prouvé jusqu'à l'évidence, par le témoignage même de l'oreille, que les pieds dont les fractions sont dans une proportion sesquialtère, de 2 à 3 comme le crétique ou le péon, de 3 à 4 comme les épitrites, sont rejetés par les poètes, à cause du lieu de grâce de leur cadence; tandis qu'ils sont un ornement pour la prose, quand ils forment la chute d'une période? — L’E. Je m'en souviens : mais où tend cette question? — Le M. A nous faire d'abord comprendre que les poètes s'étant interdit l'emploi des pieds de cette espèce, il ne nous reste plus que ceux dont les parties sont égales comme le spondée, ou sont dans le rapport de 1 à 2 comme l'iambe, ou dans un rapport égal comme le choriambe. — L’E. C'est vrai. — Le M. Or, si tel est le domaine des poètes et que la prose ait un caractère différent. du vers, on ne peut employer en vers que cette dernière sorte de pieds. — L’E. Je suis de cet avis, je vois fort bien que les poèmes empruntent au vers un ton plus imposant qu'ils ne pourraient le trouver dans les rythmes familiers à la poésie lyrique; mais ce que je ne sais pas, c'est où tu veux en venir.
