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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

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De la doctrine chrétienne

CHAPITRE XVI. LES RÈGLES DE L'ÉLOQUENCE NE SONT PAS INUTILES, QUOIQUE DIEU LUI-MÊME FASSE LES DOCTEURS.

33. Prétendra-t-on qu'il est inutile d'apprendre aux hommes ce qu'ils doivent enseigner et la manière de l'enseigner, puisque c'est l'Esprit-Saint qui fait les docteurs? Mais nous pourrons dire aussi qu'il est inutile de prier, parce que le Seigneur a dit : « Votre Père sait ce qui vous nécessaire avant que vous le lui demandiez 1; » que saint Paul ne devait nullement tracer à Tite et à Timothée ce qu'ils avaient à prescrire aux autres et la manière de le faire. Et pourtant quiconque a reçu la mission d'enseigner dans l'Eglise, doit avoir continuellement sous les yeux les trois lettres qu'il leur écrivait. Ne dit-il pas dans la première à Timothée : « Annonce ces choses, et les enseigne 2? » Il parle de ce qu'il avait dit auparavant . N'ajoute-t-il pas dans cette même épître : « Ne reprends pas les vieillards avec rudesse, mais avertis-les comme les pères 3? » Dans la seconde : « Propose-toi pour modèle, dit-il au même disciple, les saintes instructions que tu as entendues de moi. Mets-toi en état de paraître devant Dieu comme un ministre digne de son approbation; qui ne fait rien dont il ait sujet de rougir, et qui sait bien dispenser la parole de vérité 4. » Et un peu plus loin : « Annonce la parole, presse les hommes à temps, à contre temps, reprends, supplie, menace sans te lasser jamais de les tolérer et de les instruire 5. » Ne dit-il pas à Tite qu'un évêque doit persévérer dans la doctrine de la foi, « afin qu'il soit capable d'exhorter selon la saine doctrine, et de convaincre ceux qui s'y opposent 6? » Il ajoute : « Pour toi, instruis le peuple d'une manière qui soit digne de la saine doctrine. Enseigne aux vieillards à être sobres, etc. 7. » — « Prêche les vérités, exhorte et reprends avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise. Avertis-les d'être soumis aux princes et aux magistrats 8.. » Que conclure de là? Dirons-nous que l'Apôtre est en contradiction avec lui-même quand d'un côté il affirme que c'est l'Esprit-Saint qui fait les docteurs, et que de l'autre il leur trace lui-même ce qu'ils doivent enseigner et la manière de l'enseigner? Ne faut-il pas en inférer que jamais l'on ne doit cesser, avec la grâce de l'Esprit divin, d'instruire les docteurs mêmes, et que cependant « ni celui qui plante, ni celui qui arrose ne sont quelque chose, mais Dieu seul qui donne l'accroissement 9? » C'est pourquoi les plus saints ministres, les Anges mêmes seraient impuissants à nous apprendre à établir en nous la vie divine, si Dieu ne nous rendait dociles à sa volonté, selon cette parole du psalmiste : « Enseignez-moi à faire votre volonté, parce que vous êtes mon Dieu 10. » C'est pourquoi encore l'Apôtre, parlant à Timothée, comme un maître à son disciple, lui dit : « Pour toi demeure ferme dans ce que tu as appris et ce qui t’a été confié, sachant de qui tu l'as appris 11. » Les remèdes corporels qu'un homme applique à un autre homme, n'opèrent que sur ceux à qui Dieu rend la santé. Dieu pourrait guérir sans le secours de ces remèdes, et sans le concours de sa puissance ils resteraient inefficaces; cependant on ne laisse pas que de les employer; ce qui devient un oeuvre de miséricorde ou de bienfaisance, quand la charité en est le principe. Ainsi en est-il de l'enseignement de la vérité : il n'a d'autre efficacité que celle qui lui est communiquée par Dieu, qui pouvait sans le ministère d'aucun homme, donner son Evangile à l'homme.


  1. Ibid. VI, 8.  ↩

  2. I Tim. IV, 11. ↩

  3. I Tim, V, 1.  ↩

  4. II Tim. 1, 13; II, 15.  ↩

  5. Ibid. IV, 2.  ↩

  6. Tite, I, 9.  ↩

  7. Ibid. II, l, 2.  ↩

  8. Ibid. III, 1.  ↩

  9. II Cor. III, 7.  ↩

  10. PS. CXLII, 10.  ↩

  11. II Tim. 111; 14. ↩

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De doctrina Christiana

CAPUT XVI.-- Docendi praecepta non superfluo dantur ab homine, tametsi doctores efficiat Deus.

33. Quisquis autem dicit non esse hominibus praecipiendum quid, vel quemadmodum doceant, si doctores sanctus efficit Spiritus, potest dicere nec orandum nobis esse, quia Dominus ait, Scit pater vester quid vobis necessarium sit, prius quam petatis ab eo 1; aut apostolum Paulum Timotheo et Tito non debuisse praecipere quid, vel quemadmodum praeciperent aliis. Quas tres apostolicas Epistolas ante oculos habere debet, cui est in Ecclesia doctoris persona imposita. Nonne in prima ad Timotheum legitur: [P. 0104]Annuntia haec et doce 2? quae autem sint, supra dictum est. Nonne ibi est: Seniorem ne increpaveris, sed obsecra ut patrem 3? Nonne in secunda ei dicitur: Formam habe verborum sanorum, quae a me audisti 4? Nonne ibi ei dicitur: Satis age, teipsum probabilem operarium exhibens Deo, non erubescentem, verbum veritatis recte tractantem 5? Ibi est et illud: Praedica verbum, insta opportune, importune; argue, obsecra, increpa in omni longanimitate et doctrina 6. Itemque ad Titum, nonne dicit episcopum juxta doctrinam fidelis verbi perseverantem esse debere, ut potens sit in doctrina sana et contradicentes redarguere 7? Ibi etiam dicit: Tu vero loquere quae decent sanam doctrinam, senes sobrios esse 8, et quae sequuntur. Ibi et illud: Haec loquere, et exhortare, et increpa cum omni imperio. Nemo te contemnat 9. Admone illos principibus et potestatibus subditos esse 10, etc. Quid ergo putamus? Numquid contra seipsum sentit Apostolus, qui cum dicat doctores operatione fieri Spiritus sancti, ipse illis praecipit quid et quemadmodum doceant? An intelligendum est, et hominum officia ipso sancto Spiritu largiente, in docendis etiam ipsis doctoribus non debere cessare; et tamen neque qui plantat esse aliquid, neque qui rigat, sed Deum qui incrementum dat 11? Unde ipsis quoque ministris sanctis hominibus, vel etiam sanctis Angelis operantibus, nemo recte discit quae pertinent ad vivendum cum Deo, nisi fiat a Deo docilis Deo, cui dicitur in Psalmo: Doce me facere voluntatem tuam, quoniam tu es Deus meus 12. Unde et ipsi Timotheo idem dicit apostolus, loquens utique ad discipulum doctor: Tu autem persevera in iis quae didicisti, et credita sunt tibi, sciens a quo didiceris 13. Sicut enim corporis medicamenta, quae hominibus ab hominibus adhibentur, nonnisi eis prosunt quibus Deus operatur salutem, qui et sine illis mederi potest, cum sine ipso illa non possint, et tamen adhibentur; et si hoc officiose fiat, inter opera misericordiae vel beneficentiae deputatur: ita et adjumenta doctrinae tunc prosunt animae adhibita per hominem, cum Deus operatur ut prosint, qui potuit Evangelium dare homini, etiam non ab hominibus, neque per hominem.


  1. Id. VI, 8  ↩

  2. I Tim. IV, 11  ↩

  3. Id. V, 1  ↩

  4. II Tim. I, 13  ↩

  5. Id. II, 15  ↩

  6. II Tim. IV, 2  ↩

  7. Tit. I, 9  ↩

  8. Id. II, 1, 2  ↩

  9. Ibid. 15  ↩

  10. Id. III, 1  ↩

  11. I Cor. III, 7  ↩

  12. Psal. CXLII, 10  ↩

  13. II Tim. III, 14 ↩

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