DISCOURS SUR LE PSAUME XCIV 1.
LES JOIES CHRÉTIENNES.
La joie est légitime quand elle est selon Dieu. Le Prophète nous appelle auprès de Dieu afin de la goûter. On est près de Dieu quand on porte son image dans une vie pure, loin de lui quand on aime l’impiété. Dieu cherche son image en nous comme César son effigie sur sa monnaie. Il appelle donc auprès de Dieu ceux qu’une vie dissolue en éloignait. Que votre joie soit inexprimable, qu’elle éclate par l’aveu de nos fautes et par la Louange du Dieu qui les pardonne, du médecin qui guérit nos plaies. Chantons donc le Seigneur parce qu’il est au-dessus des simulacres des nations, au-dessus des dieux qui sont tels par la participation à sa grâce, parce qu’il ne repoussera point son peuple, ce peuple issu d’Abraham, dont plusieurs furent retranchés à cause de leur infidélité, mais dont le reste fut sauvé avec les Apôtres et avec les membres de la primitive Eglise, parce que les confins de la terre sont à lui, qu’il est La pierre angulaire, unissant la synagogue à l’Eglise des Gentils, qu’il a renversé les hauteurs de la terre qui le persécutaient, parce que sont à lui et la mer ou le monde avec ses scandales, où il proportionnera nos forces à l’épreuve, et la terre qu’il abreuve de ses grâces; parce que nous sommes ses créatures, ses brebis accomplissant ses lois, et qu’il aura pour nous la bonté. Donc n’endurcissons pas nos coeurs comme les Juifs au désert, ils seront nos pères si nous les imitons; s’il doit toujours y avoir des méchants pour irriter Dieu, prenons part au repos qu’il nous promet, comme il menace de la damnation les rebelles.
Sermon prêché sur l’invitation d’Aurélien, de Carthage, ou plutôt de Valère, évêque d’Hippone, soit peu après, soit peu avant la promotion d’Augustin à l’épiscopat. ↩
