9.
« Aussi ne sommes-nous nullement embarrassés de l'exemple de la Chananéenne, à qui le Seigneur accorda l'objet de sa demande, après lui avoir d'abord dit: « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. » En effet le Christ, qui connaît le fond des coeurs, la voyait changée, quand il faisait son éloge. Aussi ne dit-il pas: 0 chienne, ta foi est grande: mais: « O femme grande est ta foi 1»: Il change le nom, parce qu'il voit un coeur changé, parce qu'il sait que ces reproches ont produit leurs fruits. Mais je m'étonnerais qu'il louât en cette femme la foi sans les oeuvres c'est-à-dire une toi qui n'agit pas par l'amour, une foi morte, celle que saint Jacques n'a pas hésité à appeler, non une foi d'hommes, mais une foi de démons. Enfin si nos adversaires ne veulent pas admettre que la Chananéenne renonça à ses désordres, quand le Christ lui en fit des reproches et lui manifesta son mépris : lorsqu'ils rencontrent des hommes qui se contentent de croire et ne cachent point leur conduite criminelle, mais en font même parade bien loin de s'en corriger; qu'ils guérissent leurs enfants, s'ils le peuvent, comme fut guérie la fille de la Chananéenne; mais qu'ils rien fassent pas des membres du Christ, puisqu'ils ne cessent pas d'être eux-mêmes des membres de prostituée 2. »
