CHAPITRE VI. L'HARMONIE DES MEMBRES DU CORPS INVITE LES HÉRÉTIQUES A RENTRER DANS L'UNITÉ.
Eh quoi ! votre chair vous obéit, et vous n'obéissez pas à votre Dieu? Une telle obéissance de sa part n'est-elle pas votre condamnation manifeste ? ne rend-elle pas contre vous le témoignage le plus écrasant?
8. A quel supérieur dois-je donc obéir? répond-il? Vous vous flattiez d'aimer la justice, écoutez donc cette parole de Jésus-Christ: « Je vous donne un commandement nouveau aimez-vous les uns les autres1 ». Ecoutez notre Maître nous ordonnant à tous de nous aimer réciproquement. Nous sommes tous les membres du même corps dont le Sauveur veut être seul la tête; et voici que vous vous séparez des membres de Jésus-Christ; vous n’aimez donc pas l'unité. Ne seriez-vous pas effrayé de trouver dans vos membres une telle séparation? Si votre doigt se trouvait tordu, ne vous empresseriez-vous pas de courir au médecin pour le redresser? Votre corps jouit d'une santé florissante, quand une harmonie parfaite règne entre tous vos membres; et vous-même alors vous êtes parfaitement sain, vous jouissez de toutes vos forces. Au contraire, dès que l'un de vos membres se met en désaccord avec les autres, vous invoquez aussitôt les secours de l'art. Pourquoi donc ne cherchez-vous pas pour vous-même une bonne guérison qui puisse vous réintégrer dans l'unité des membres de Jésus-Christ, et qu'ainsi son corps et le vôtre jouissent d'une parfaite ressemblance? Parmi vos membres, les cheveux tiennent assurément le dernier rang; quoi de plus vil, quoi de plus méprisable, quoi de plus abject ? Et cependant si ces cheveux étaient mal coupés, vous vous irriteriez contre votre coiffeur, parce qu'il n'aurait pas gardé l'égalité dans votre chevelure; et vous ne conservez pas l'unité dans les membres de Jésus-Christ? Que sont donc et à quoi peuvent servir vos jeûnes? Vous regardez comme indigne de Dieu qu'il soit servi dans l'unité par tous ceux qui croient en lui, et cette unité vous la voulez dans vos membres, dans votre corps et jusque dans vos cheveux. Vos entrailles, vos membres rendent contre vous un témoignage véridique, et vous en rendez un faux contre les membres de Jésus-Christ.
9. Vous répudiez le jeûne des païens, du moins vous le pensez et cela suffit pour vous faire goûter une sécurité parfaite. Je jeûne , dites-vous, pour Jésus-Christ, tandis que les païens jeûnent pour les idoles et pour les démons. Je vous crois sur parole et j'avoue qu'en effet votre jeûne est différent du leur. Mais tout à l'heure en vous parlant de vos membres je disais qu'ils rendent témoignage contre vous, et qu'il vous enseignent les relations d'unité que vous deviez avoir avec les membres de Jésus-Christ; puisque nous parlons des païens, dont le jeûne n'a rien qui le rapproche du vôtre, je veux qu'à leur manière ils vous rappellent de quelle unité devrait briller le corps de Jésus-Christ.
Jean, XIII, 34. ↩
