• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

Edition Masquer
De civitate Dei (CCSL)

Caput XIX: Quo inter se differant cupiditas gloriae et cupiditas dominationis. interest sane inter cupiditatem humanae gloriae et cupiditatem dominationis.

Nam licet procliue sit, ut, qui humana gloria nimium delectatur, etiam dominari ardenter adfectet, tamen qui ueram licet humanarum laudum gloriam concupiscunt, dant operam bene iudicantibus non displicere. sunt enim multa in moribus bona, de quibus multi bene iudicant, quamuis ea multi non habeant; per ea bona morum nituntur ad gloriam et imperium uel dominationem, de quibus ait Sallustius: sed ille uera uia nititur. quisquis autem sine cupiditate gloriae, qua ueretur homo bene iudicantibus displicere, dominari atque imperare desiderat, etiam per apertissima scelera quaerit plerumque obtinere quod diligit. proinde qui gloriam concupiscit, aut uera uia nititur aut certe dolis atque fallaciis contendit, uolens bonus uideri esse, quod non est. et ideo uirtutes habenti magna uirtus est contemnere gloriam, quia contemptus eius in conspectu dei est, iudicio autem non aperitur humano. quidquid enim fecerit ad oculos hominum, quo gloriae contemptor appareat, ad maiorem laudem, hoc est ad maiorem gloriam, facere si credatur, non est unde se suspicantium sensibus aliter esse, quam suspicantur, ostendat. sed qui contemnit iudicia laudantium, contemnit etiam suspicantium temeritatem, quorum tamen, si uere bonus est, non contemnit salutem, quoniam tantae iustitiae est qui de spiritu dei uirtutes habet, ut etiam ipsos diligat inimicos, et ita diligat, ut suos osores uel detractores uelit correctos habere consortes non in terrena patria, sed superna; in laudatoribus autem suis, quamuis parui pendat quod eum laudant, non tamen parui pendit quod amant, nec eos uult fallere laudantes, ne decipiat diligentes; ideoque instat ardenter, ut potius ille laudetur, a quo habet homo quidquid in eo iure laudatur. qui autem gloriae contemptor dominationis est auidus, bestias superat siue crudelitatis uitiis siue luxuriae. tales quidam Romani fuerunt. non enim cura existimationis amissa dominationis cupiditate caruerunt. multos tales fuisse prodit historia; sed huius uitii summitatem et quasi arcem quandam Nero Caesar primus obtinuit, cuius fuit tanta luxuries, ut nihil ab eo putaretur uirile metuendum; tanta crudelitas, ut nihil molle habere crederetur, si nesciretur. etiam talibus tamen dominandi potestas non datur nisi summi dei prouidentia, quando res humanas iudicat talibus dominis dignas. aperta de hac re uox diuina est loquente dei sapientia: per me reges regnant et tyranni per me tenent terram. sed ne tyranni non pessimi atque inprobi reges, sed uetere nomine fortes dicti existimentur - unde ait Vergilius: pars mihi pacis erit dextram tetigisse tyranni - : apertissime alio loco de deo dictum est: quia regnare facit hominem hypocritam propter peruersitatem populi. quamobrem, quamuis ut potui satis exposuerim qua causa deus unus uerus et iustus Romanos secundum quandam formam terrenae ciuitatis bonos adiuuerit ad tanti imperii gloriam consequendam: potest tamen et alia causa esse latentior propter diuersa merita generis humani, deo magis nota quam nobis, dum illud constet inter omnes ueraciter pios, neminem sine uera pietate, id est ueri dei uero cultu, ueram posse habere uirtutem, nec eam ueram esse, quando gloriae seruit humanae; eos tamen, qui ciues non sint ciuitatis aeternae, quae in sacris litteris nostris dicitur ciuitas dei, utiliores esse terrenae ciuitati, quando habent uirtutem uel ipsam, quam si nec ipsam. illi autem, qui uera pietate praediti bene uiuunt, si habent scientiam regendi populos, nihil est felicius rebus humanis, quam si deo miserante habeant potestatem. tales autem homines uirtutes suas, quantascumque in hac uita possunt habere, non tribuunt nisi gratiae dei, quod eas uolentibus credentibus petentibus dederit, simulque intellegunt, quantum sibi desit ad perfectionem iustitiae, qualis est in illorum sanctorum angelorum societate, cui se nituntur aptare. quantumlibet autem laudetur atque praedicetur uirtus, quae sine uera pietate seruit hominum gloriae, nequaquam sanctorum exiguis initiis conparanda est, quorum spes posita est in gratia et in misericordia ueri dei.

Traduction Masquer
La cité de dieu

CHAPITRE XIX.

EN QUOI L’AMOUR DE LA GLOIRE DIFFÈRE DE L’AMOUR DE LA DOMINATION.

Il y a certainement de la différence entre l’amour de la gloire et l’amour de la domination; car bien que l’amour immodéré de la gloire conduise à la passion de dominer, ceux qui aiment ce qu’il y a de plus solide dans les louanges des hommes n’ont garde de déplaire aux bons esprits. Parmi les vertus, en effet, il en est plusieurs dont beaucoup d’hommes sont bons juges, quoiqu’elles soient pratiquées par un petit nombre, et c’est par là que marchent à la gloire et à la domination ceux dont Salluste dit qu’ils suivent la bonne voie1. Au contraire , quiconque désire la domination sans avoir cet amour de la gloire qui fait qu’on craint de déplaire aux bons esprits, aucun moyen ne lui répugne, pas même les crimes les plus scandaleux, pour contenter sa passion. Tout au moins celui qui aime la gloire, s’il ne prend pas la bonne voie, se sert de ruses et d’artifices pour paraître ce qu’il n’est pas. Aussi est-ce à un homme vertueux une grande vertu de mépriser la gloire, puisque Dieu seul en est le témoin et que les hommes n’en savent rien. Et, en effet, quoi qu’on fasse devant les hommes pour leur persuader qu’on méprise la gloire, on ne peut guère les empêcher de soupçonner que ce mépris ne cache le désir d’une gloire plus grande. Mais celui qui méprise en réalité les louanges des hommes, méprise aussi leurs soupçons téméraires, sans aller toutefois, s’il est vraiment homme de bien, jusqu’à mépriser leur salut; car la vertu véritable, qui vient du Saint-Esprit, porte le véritable juste à aimer même ses ennemis, à les aimer jusqu’au point de les voir avec joie devenir, en se corrigeant, ses compagnons de félicité, non dans la patrie d’ici-bas, mais dans celle d’en haut. Et quant à ceux qui le louent, bien qu’il soit insensible à leurs louanges, il ne l’est pas à leur affection; aussi, ne voulant pas être au-dessous de leur estime, de crainte d’être au-dessous de leur affection, il s’efforce de tourner leurs louanges vers l’Etre souverain de qui nous tenons tout ce qui mérite en nous d’être loué. Quant à celui qui, sans être sensible à la gloire, désire ardemment la domination, il est plus cruel et plus brutal que les bêtes. Il s’est rencontré chez les Romains quelques hommes de cette espèce, indifférents à l’estime -et toutefois très-avides de dominer. Parmi ceux dont l’histoire fait mention, l’empereur Néron mérite incontestablement le premier rang. Il était si amolli par la débauche qu’on n’aurait redouté de lui rien de viril, et si cruel qu’on n’aurait rien soupçonné en lui d’efféminé, si on ne l’eût connu. Et pourtant la puissance souveraine n’est donnée à de tels hommes que par la providence de Dieu, quand il juge que les peuples méritent de tels maîtres. Sa parole est claire sur ce point; c’est la sagesse même qui parle ainsi : « C’est moi qui fais régner les rois et dominer les tyrans 2». Et afin qu’on n’entende pas ici tyran dans le sens de roi puissant, selon l’ancienne acception du mot3 , adoptée par Virgile dans ce vers :

« Ce sera pour moi un gage de paix d’avoir touché la droite du tyran des Troyens4»,

il est dit clairement de Dieu en un autre endroit : « C’est lui qui fait régner les princes fourbes, à cause des péchés du peuple5 ». Ainsi, bien que. j’aie assez établi, selon mes forces, pourquoi le seul Dieu véritable et juste a aidé les Romains à fonder un si grand empire, en récompense de ce que le monde appelle leurs vertus, il se peut toutefois qu’il y ait une raison plus cachée de leur prospérité; car Dieu sait ce que méritent les peuples et nous l’ignorons. Mais il n’importe, pourvu qu’il demeure constant pour tout homme pieux qu’il n’y a pas de véritable vertu sans une véritable piété, c’est-à-dire sans le vrai culte du vrai Dieu, et que c’est une vertu fausse que celle qui a pour fin la gloire humaine; bien toutefois que ceux qui ne sont pas citoyens de la Cité éternelle, nommée dans l’Ecriture la Cité de Dieu6, le soient plus utiles à la cité du monde par cette vertu, quoique fausse, que s’ils n’avaient aucune vertu. Que s’il vient à se trouver des hommes vraiment pieux qui joignent à la vertu la science de gouverner les peuples, rien ne peut arriver de plus heureux aux hommes que de recevoir de Dieu de tels souverains. Aussi bien ces princes d’élite, si grands que soient leurs mérites, ne les attribuent qu’à la grâce de Dieu, qui les a accordés à leur foi et à leurs prières, et ils savent reconnaître combien ils sont éloignés de la perfection des saints anges, à qui ils désirent ardemment d’être associés. Quant à cette vertu, séparée de la vraie piété, et qu’ a pour fin la gloire des hommes, quelques louanges qu’on lui donne, elle ne mérite seulement pas d’être comparée aux faibles commencements des fidèles qui mettent leur espérance dans la grâce et la miséricorde du vrai Dieu.


  1. Voyez plus haut, ch. 12. ↩

  2. Prov. VIII, 15. ↩

  3. Voyez Servius ad Aeneid., lib. IV, V. 320. ↩

  4. Virgile, Enéide, lib. VII, vers. 266. ↩

  5. Job. XXXIV, 30. ↩

  6. Ps. XLV, 5, et XLVII, 3,9, etc. ↩

  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Les éditions de cette œuvre
De civitate Dei (CCSL)
Traductions de cette œuvre
La cité de dieu
The City of God Comparer
Zweiundzwanzig Bücher über den Gottesstaat (BKV) Comparer
Commentaires sur cette œuvre
The City of God - Translator's Preface

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité