Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput VII: Quod Platonici figmentis poetarum infamatos adserant deos de contrariorum studiorum certamine, cum hae partes daemonum, non deorum sint.
Quodsi quisquam dicit, non ex omnium, sed ex malorum daemonum numero esse, quos poetae quorundam hominum osores et amatores deos non procul a ueritate confingunt - hos enim dixit Apuleius salo mentis per omnes cogitationum aestus fluctuare - : quomodo istud intellegere poterimus, quando, cum hoc diceret, non quorundam, id est malorum, sed omnium daemonum medietatem propter aeria corpora inter deos et homines describebat? hoc enim ait fingere poetas, quod ex istorum daemonum numero deos faciunt et eis deorum nomina inponunt et quibus uoluerint hominibus ex his amicos inimicos que distribuunt ficti carminis inpunita licentia, cum deos ab his daemonum moribus et caelesti loco et beatitudinis opulentia remotos esse perhibeat. haec est ergo fictio poetarum deos dicere, qui di non sunt, eosque sub deorum nominibus inter se decertare propter homines, quos pro studio partium diligunt uel oderunt. non procul autem a ueritate dicit hanc esse fictionem, quoniam deorum appellati uocabulis, qui di non sunt, tales tamen describuntur daemones, quales sunt. denique hinc esse dicit Homericam illam Mineruam, quae mediis coetibus Graium cohibendo Achilli interuenit. quod ergo Minerua illa fuerit, poeticum uult esse figmentum, eo quod Mineruam deam putat eamque inter deos, quos omnes bonos beatosque credit, in alta aetheria sede conlocat, procul a conuersatione mortalium; quod autem aliquis daemon fuerit Graecis fauens Troianisque contrarius, sicut alius aduersus Graecos Troianorum opitulator, quem Veneris seu Martis nomine idem poeta commemorat, quos deos iste talia non agentes in habitationibus caelestibus ponit, et hi daemones pro eis, quos amabant, contra eos, quos oderant, inter se decertauerint, hoc non procul a ueritate poetas dixisse confessus est. de his quippe ista dixerunt, quos hominibus simili motu cordis et salo mentis per omnes cogitationum aestus fluctuare testatur, ut possint amores et odia non pro iustitia, sed sicut populus similis eorum in uenatoribus et aurigis secundum suarum studia partium pro aliis aduersus alios exercere. id enim uidetur philosophus curasse Platonicus, ne, cum haec a poetis canerentur, non a daemonibus mediis, sed ab ipsis dis, quorum nomina poetae fingendo ponunt, fieri crederentur.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE VII.
LES PLATONICIENS CROIENT LES DIEUX OUTRAGÉS PAR LES FICTIONS DES poèteS, QUI LES REPRÉSENTENT COMBATTUS PAR DES AFFECTIONS CONTRAIRES, CE QUI N’APPARTIENT QU’AUX DÉMONS.
On dira peut-être que les poètes, en nous peignant les dieux comme amis ou ennemis de certains hommes, ont voulu parler, non de tous les démons , mais seulement des mauvais, de ceux-là mêmes qu’Apulée croit agités par l’orage des passions. Mais comment admettre cette interprétation, quand Apulée, en attribuant les passions aux démons, ne fait entre eux aucune distinction et nous les représente en général comme tenant le milieu entre les dieux et les hommes à cause de leurs corps aériens? Suivant ce philosophe, la fiction des poètes consiste à transformer les démons en dieux, et, grâce à l’impunité de la licence poétique, à les partager à leur gré entre les hommes, coin me protecteurs ou comme ennemis, tandis que les dieux sont infiniment au-dessus de ces faiblesses des démons, et par l’élévation de leur séjour et par la plénitude de leur félicité. Celle fiction se réduit donc à donner le nom de dieux à. des êtres qui ne sont pas dieux, et Apulée ajoute qu’elle n’est pas très-éloignée de la vérité, attendu que, au nom près, ces êtres sont représentés selon leur véritable nature, qui est celle des démons. Telle est, à son avis, cette Minerve d’Homère qui intervient au milieu des Grecs pour empêcher Achille d’outrager Agamemnon. Que Minerve ait apparu aux Grecs, voilà la fiction poétique, selon Apulée, pour qui Minerve est une déesse qui habite loin du commerce des mortels, dans la région éthérée, eu compagnie des dieux, qui sont tous des êtres heureux et bons, Mais qu’il y ait eu un démon favorable aux Grecs et ennemi des Troyens, qu’un autre démon, auquel le même poète a donné le nom d’un des dieux qui habitent paisiblement le ciel, comme Mars et Vénus, ait favorisé au contraire les Troyens en haine des Grecs; enfin, qu’une lutte se soit engagée entre ces divers démons, animés de sentiments opposés, voilà ce qui, pour Apulée, n’est pas un récit très-éloigné de la vérité. Les poètes, en effet, n’ont attrIbué ces passions qu’à des êtres qui sont en effet sujets aux mêmes passions que les hommes, aux mêmes tempêtes des émotions contraires, capables, par conséquent, d’éprouver de l’amour et de la haine, non selon la justice, mais à la manière du peuple qui, dans les chasses et les courses du cirque, se partage entre les adversaires au gré de ses aveugles préférences. Le grand souci du philosophe platonicien, c’est uniquement qu’au lieu de rapporter ces fictions aux démons, on ne prenne les poètes à la lettre en les attribuant aux dieux.