Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput XI: De opinione Platonicorum, qua putant animas hominum daemones esse post corpora.
Dicit quidem et animas hominum daemones esse et ex hominibus fieri Lares, si boni meriti sunt; lemures, si mali, seu laruas; manes autem deos dici, si incertum est bonorum eos seu malorum esse meritorum. in qua opinione quantam uoraginem aperiant sectandis perditis moribus, quis non uideat, si uel paululum adtendat? quandoquidem quamlibet nequam homines fuerint, uel laruas se fieri dum opinantur, uel dum manes deos, tanto peiores fiunt, quanto sunt nocendi cupidiores, ut etiam quibusdam sacrificiis tamquam diuinis honoribus post mortem se inuitari opinentur, ut noceant. laruas quippe dicit esse noxios daemones ex hominibus factos. sed hinc alia quaestio est. inde autem perhibet appellari Graece beatos εὐδαίμονες, quod boni sint animi, hoc est boni daemones, animos quoque hominum daemones esse confirmans.
Traduction
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La cité de dieu
CHAPITRE XI.
DU SENTIMENT DES PLATONICIENS, QUE LES ÂMES DES HOMMES DEVIENNENT DES DÉMONS APRÈS LA MORT.
Il dit encore, je le sais1, que les âmes des hommes sont des démons, que les hommes deviennent des lares s’ils ont bien vécu, et des lémures ou des larves s’ils ont mal vécu; enfin, qu’on les appelle dieux mânes, quand on ignore s’ils ont vécu bien ou mal. Mais est-il nécessaire de réfléchir longtemps pour voir quelle large porte cette opinion ouvre à la corruption des moeurs ? Plus les hommes auront de penchant au mal, plus ils deviendront méchants, étant convaincus qu’ils sont destinés à devenir larves ou dieux mânes, et qu’après leur mort on leur offrira des sacrifices et des honneurs divins pour les inviter à faire du mal ; car le même Apulée (et ceci soulève une autre question) définit ailleurs les larves : des hommes devenus des démons malfaisants. Il prétend aussi2 que les bienheureux se nomment en grec eudaimones, à titre de bonnes âmes, c’est-à-dire de bons démons, témoignant ainsi de nouveau qu’à son avis les âmes des hommes sont des démons.