Edition
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De civitate Dei (CCSL)
Caput VI: De uero perfectoque sacrificio.
Proinde uerum sacrificium est omne opus, quod agitur ut sancta societate inhaereamus deo, relatum scilicet ad illum finem boni, quo ueraciter beati esse possimus. unde et ipsa misericordia, qua homini subuenitur, si non propter deum fit, non est sacrificium. etsi enim ab homine fit uel offertur, tamen sacrificium res diuina est, ita ut hoc quoque uocabulo id Latini ueteres appellauerint. unde ipse homo dei nomine consecratus et deo deuotus, in quantum mundo moritur ut deo uiuat, sacrificium est. nam et hoc ad misericordiam pertinet, quam quisque in se ipsum facit. propterea scriptum est: miserere animae tuae placens deo. corpus etiam nostrum cum temperantia castigamus, si hoc, quemadmodum debemus, propter deum facimus, ut non exhibeamus membra nostra arma iniquitatis peccato, sed arma iustitiae deo, sacrificium est. ad quod exhortans apostolus ait: obsecro itaque uos, fratres, per misericordiam dei, ut exhibeatis corpora uestra hostiam uiuam, sanctam, deo placentem, rationabile obsequium uestrum. si ergo corpus, quo inferiore tamquam famulo uel tamquam instrumento utitur anima, cum eius bonus et rectus usus ad deum refertur, sacrificium est: quanto magis anima ipsa cum se refert ad deum, ut igne amoris eius accensa formam concupiscentiae saecularis amittat eique tamquam incommutabili formae subdita reformetur, hinc ei placens, quod ex eius pulchritudine acceperit, fit sacrificium. quod idem apostolus consequenter adiungens: et nolite, inquit, conformari huic saeculo; sed reformamini in nouitate mentis uestrae ad probandum uos quae sit uoluntas dei, quod bonum et bene placitum et perfectum. cum igitur uera sacrificia opera sint misericordiae siue in nos ipsos siue in proximos, quae referuntur ad deum, opera uero misericordiae non ob aliud fiant, nisi ut a miseria liberemur ac per hoc ut beati simus - quod non fit nisi bono illo, de quo dictum est: mihi autem adhaerere deo bonum est - : profecto efficitur, ut tota ipsa redempta ciuitas, hoc est congregatio societasque sanctorum, uniuersale sacrificium offeratur deo per sacerdotem magnum, qui etiam se ipsum obtulit in passione pro nobis, ut tanti capitis corpus essemus, secundum formam serui. hanc enim obtulit, in hac oblatus est, quia secundum hanc mediator est, in hac sacerdos, in hac sacrificium est. cum itaque nos hortatus esset apostolus, ut exhibeamus corpora nostra hostiam uiuam, sanctam, deo placentem, rationabile obsequium nostrum, et non conformemur huic saeculo, sed reformemur in nouitate mentis nostrae: ad probandum quae sit uoluntas dei, quod bonum et bene placitum et perfectum, quod totum sacrificium nos ipsi sumus: dico enim, inquit, per gratiam dei, quae data est mihi, omnibus, qui sunt in uobis, non plus sapere, quam oportet sapere, sed sapere ad temperantiam; sicut unicuique deus partitus est mensuram fidei. sicut enim in uno corpore multa membra habemus, omnia autem membra non eosdem actus habent: ita multi unum corpus sumus in Christo; singuli autem alter alterius membra, habentes dona diuersa secundum gratiam, quae data est nobis. hoc est sacrificium Christianorum: multi unum corpus in Christo. quod etiam sacramento altaris fidelibus noto frequentat ecclesia, ubi ei demonstratur, quod in ea re, quam offert, ipsa offeratur.
Übersetzung
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La cité de dieu
CHAPITRE VI.
DU VRAI ET PARFAIT SACRIFICE.
Ainsi le vrai sacrifice, c’est toute oeuvre accomplie pour s’unir à Dieu d’une sainte union, c’est-à-dire toute oeuvre qui se rapporte à cette fin suprême et unique où est le bonheur. C’est pourquoi la miséricorde même envers le prochain n’est pas un sacrifice, si on ne l’exerce en vue de Dieu. Le sacrifice en effet, bien qu’offert par l’homme, est chose divine, comme l’indique le mot lui-même, qui signifie action sacrée. Aussi l’homme même consacré et voué à Dieu est un sacrifice, en tant qu’il meurt au monde pour vivre en Dieu; car cette consécration fait partie de la miséricorde que chacun exerce envers soi-même, et c’est pour cela qu’il est écrit : « Aie pitié de son âme en te rendant agréable à Dieu1 ». Notre corps est pareillement un sacrifice, quand nous le mortifions par la tempérance, si nous agissons de la sorte pour plaire à Dieu, comme nous y sommes tenus, et que loin de prêter nos membres au péché pour lui servir d’instrument d’iniquité2, nous les consacrions à Dieu pour en faire des instruments de justice. C’est à quoi l’Apôtre nous exhorte en nous disant: « Je vous conjure, mes frères, par la miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une victime vivante, sainte et agréable à ses yeux, et de « lui rendre un culte raisonnable et spirituel3 ». Or, si le corps, dont l’âme se sert comme d’un serviteur et d’un instrument, est un sacrifice, quand l’âme rapporte à Dieu le service qu’elle en tire, à combien plus forte raison l’âme elle-même est-elle un sacrifice, quand elle s’offre à Dieu, afin qu’embrasée du feu de son amour, elle se dépouille de toute concupiscence du siècle et soit comme renouvelée par sa soumission à cet être immuable qui aime en elle les grâces qu’elle a reçues de sa souveraine beauté ? C’est ce que le même apôtre insinue en disant: « Ne vous conformez point au siècle présent; mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit, afin que vous connaissiez ce que Dieu demande de vous, c’est-à-dire ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait4 » . Puis donc que les oeuvres de miséricorde rapportées à Dieu sont de vrais sacrifices, que nous les pratiquions envers nous-mêmes ou envers le prochain, et qu’elles n’ont d’autre fin que de nous délivrer de tout misère et de nous rendre bienheureux, C qui ne peut se faire que par la possession d ce bien dont il est écrit: « M’attacher à Dieu c’est mon bien5 », il s’ensuit que toute la cité du Rédempteur, c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, est elle-même un sacrifice universel offert à Dieu par le suprême pontife, qui s’est offert pour nous dans si passion, afin que nous fussions le corps de ce chef divin selon cette forme d’esclave6 dont il s’est revêtu. C’est cette forme, en effet, qu’il a offerte à Dieu, et c’est en elle qu’il a été offert, parce que c’est selon elle qu’il est le médiateur, le prêtre et le sacrifice. Voilà pourquoi l’Apôtre, après nous avoir exhortés à faire de nos corps une victime vivante, sainte et agréable à Dieu, à lui rendre un culte raisonnable et spirituel, à ne pas nous conformer au siècle, mais à nous transformer par un renouvellement d’esprit, afin de connaître ce que Dieu demande de nous, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait, c’est-à-dire le vrai sacrifice qui est celui de tout notre être, l’Apôtre, dis-je, ajoute ces paroles:
« Il vous recommande à tous, selon le ministère qui m’a été donné par grâce, de ne pas aspirer à être plus sages qu’il ne faut, mais de l’être avec sobriété, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun de vous. Car, comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, lesquels n’ont pas tous la même fonction; ainsi, quoique nous soyons plusieurs, nous n’avons qu’un seul corps en Jésus-Christ et nous sommes membres les uns des autres, ayant des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée7».Tel est le sacrifice des chrétiens : être tous un seul corps en Jésus-Christ, et c’est ce mystère que l’Eglise célèbre assidûment dans le sacrement de l’autel, connu des fidèles8, où elle apprend qu’elle est offerte elle-même dans l’oblation qu’elle fait à Dieu.