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De civitate Dei (CCSL)
Caput IX: Quam similis in psalmo octogensimo octavo sit prophetia de Christo his, quae in regnorum libris Nathan prophetante promittuntur.
Propter quod et in psalmo octogensimo octauo, cuius est titulus: Intellectus ipsi Aethan Israelitae, commemorantur promissiones Dei factae regi Dauid, et istis, quae in libro regnorum sunt posita, quaedam ibi similia dicuntur, sicut est: Iuraui Dauid seruo meo: Vsque in aeternum praeparabo semen tuum; et iterum: Tunc locutus es in aspectu filiis tuis et dixisti: Posui adiutorium super potentem, exaltaui electum de populo meo. Inueni Dauid seruum meum, in oleo sancto meo unxi eum. Manus enim mea auxiliabitur ei et bracchium meum confortabit eum. Non proficiet inimicus in eo et filius iniquitatis non apponet nocere ei. Et concidam inimicos eius a facie eius, et eos, qui oderunt eum, fugabo. Et ueritas mea et misericordia mea cum illo, et in nomine meo exaltabitur cornum eius. Et ponam in mari manum eius et in fluminibus dexteram eius. Ipse inuocabit me: Pater meus es tu, Deus meus et susceptor salutis meae. Et ego primogenitum ponam eum, excelsum apud reges terrae. In aeternum seruabo ei misericordiam meam et testamentum meum fidele ipsi. Et ponam in saeculum saeculi semen eius, et thronum eius sicut dies caeli. Quae omnia de Domino Iesu intelleguntur, quando recte intelleguntur, sub nomine Dauid propter formam serui, quam de semine Dauid idem Mediator adsumpsit ex uirgine. Continuo etiam dicitur de peccatis filiorum eius tale aliquid, quale in regnorum libro positum est et quasi de Salomone procliuius accipitur. Ibi namque, hoc est in regnorum libro: Et si uenerit, inquit, iniquitas eius, redarguam illum in uirga uirorum et in tactibus filiorum hominum; misericordiam autem meam non amoueam ab eo; tactibus significans plagas correptionis. Vnde illud est: Ne tetigeritis christos meos. Quod quid est aliud, quam "ne laeseritis"? In psalmo uero cum ageret tamquam de Dauid, ut quiddam eius modi etiam ibi diceret: Si dereliquerint, inquit, filii eius legem meam et in iudiciis meis non ambulauerint; si iustificationes meas profanauerint et mandata mea non custodierint: uisitabo in uirga iniquitates eorum et in uerberibus peccata eorum; misericordiam autem meam non dispergam ab eo. Non dixit "ab eis", cum loqueretur de filiis eius, non de ipso; sed dixit ab eo, quod bene intellectum tantundem ualet. Non enim Christi ipsius, quod est caput ecclesiae, possent inueniri ulla peccata, quae opus esset humanis correptionibus seruata misericordia diuinitus coherceri; sed in eius corpore ac membris, quod populus eius est. Ideo in libro regnorum: Iniquitas eius dicitur; in psalmo autem: Filiorum eius; ut intellegamus de ipso dici quodam modo, quod de eius corpore dicitur. Propter quod etiam ipse de caelo, cum corpus eius, quod sunt fideles eius, Saulus persequeretur: Saule, inquit, Saule, quid me persequeris? Deinde in consequentibus psalmi: Neque nocebo, inquit, in ueritate mea, neque profanabo testamentum meum, et quae procedunt de labiis meis non reprobabo. Semel iuraui in sancto meo, si Dauid mentiar; id est, nequaquam Dauid mentiar. Solet enim sic loqui scriptura. Quid autem non mentiatur, adiungit et dicit: Semen eius in aeternum manet; et sedes eius sicut sol in conspectu meo, et sicut luna perfecta in aeternum, et testis in caelo fidelis.
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La cité de dieu
CHAPITRE IX.
DE LA PROPHÉTIE DU PSAUME QUATRE-VINGT-HUITIÈME, LAQUELLE EST SEMBLABLE A CELLE DE NATHAN DANS LE SECOND LIVRE DES ROIS.
C’est pour cela qu’au psaume quatre-vingt-huitième, qui a pour titre : Instruction pour Aethan, israélite, il est fait mention des promesses de Dieu à David, et l’on y voit quelque chose de semblable à ce que nous venons de rapporter du second livre des Rois. « J’ai juré, dit Dieu, j’ai juré à David, mon serviteur, que je ferais fleurir éternellement sa race ».
Puis: « Vous avez parlé en vision à vos enfants, et vous avez dit: J’ai remis mon assis tance dans un homme puissant, et j’ai élevé sur le trône celui que j’ai choisi parmi mon peuple. J’ai trouvé mon serviteur David, je l’ai oint de mon huile sainte. Car ma main lui donnera secours et mon bras le soutiendra. L’ennemi n’aura point avantage sur lui, et l’enfant d’iniquité ne lui pourra nuire. J’abattrai ses ennemis à ses pieds et mettrai en fuite ceux qui le haïssent. Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui, et je délivrerai sa gloire et sa puissance. J’étendrai sa main gauche sur la mer et sa droite sur les fleuves. Il m’invoquera et me dira: Vous êtes mon père, vous êtes mon Dieu et mon asile. Et je le ferai mon fils aîné et l’élèverai au-dessus de tous les rois de la terre. Je lui conserverai toujours ma faveur, et l’alliance que je ferai avec lui sera inviolable. J’établirai sa race pour jamais, et son trône durera autant que les cieux1 ». Tout cela, sous le nom de David, doit s’entendre de Jésus-Christ, à cause de la forme d’esclave qu’il a prise, comme médiateur, dans le sein de la Vierge. Quelques lignes ensuite, il est parlé des péchés de nos enfants presque dans les mêmes termes où, au livre des Rois, il est parlé de ceux de Salomon : « S’il vient, dit Dieu en ce livre, à s’abandonner à l’iniquité, je le châtierai par la verge des hommes; je le livrerai aux atteintes des enfants des hommes; cependant je ne retirerai pas de lui ma miséricorde2 ». Ces atteintes sont les marques du châtiment; et de là cette parole : « Ne touchez pas mes christs3». Qu’est-ce à dire, sinon : Ne blessez pas? Or, dans le psaume où il s’agit de David en apparence, le Seigneur tient à peu près le même langage : « Si ses enfants, dit-il, abandonnent ma loi et ne marchent dans ma crainte, s’ils profanent mes ordonnances et ne gardent pas mes commandements, je les châtierai, la verge à la main, et je leur enverrai mes fléaux; mais je ne retirerai point de lui ma miséricorde4 ». Il ne dit pas : Je ne retirerai pas d’eux, quoiqu’il parle de ses enfants, mais de lui, ce qui pourtant, à le bien prendre, est la même chose. Aussi bien on ne peut trouver en Jésus-Christ même, qui est le chef de l’Eglise, aucun péché qui ait besoin d’indulgence ou de punition, mais bien dans son peuple, qui compose ses membres et son corps mystique. C’est pour cela qu’au livre des Rois il est parlé de son iniquité5, au lieu qu’ici il est parlé de celle de ses enfants, pour nous faire entendre que ce qui est dit de son corps est dit en quelque sorte de lui-même.
Par la même raison, lorsque Saul persécutait son corps, c’est-à-dire ses fidèles, il lui cria du ciel: « Saul, Saul, pourquoi me persécutez-vous6 ». Le psaume ajoute : « Je n’enfreindrai point mon serment, ni ne profanerai mon alliance ; je ne démentirai point les paroles qui sortent de ma bouche; j’ai une fois juré par ma sainteté, je ne tromperai point David; sa race durera éternellement; son trône demeurera à jamais devant moi comme le soleil et la lune, et comme l’arc-en-ciel, témoin fidèle de mon alliance7 ».