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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate De la trinité
Livre XII

CHAPITRE XIV.

DIFFÉRENCE ENTRE LA SAGESSE ET LA SCIENCE. LE CULTE DE DIEU CONSISTE DANS SON AMOUR. COMMENT LA SAGESSE DONNE LA CONNAISSANCE INTELLECTUELLE DES CHOSES ÉTERNELLES.

La science a aussi sa juste mesure: c’est quand ce qui enfle ou a coutume d’enfler en elle est dominé par la charité éternelle qui, elle, n’enfle pas, comme nous le savons, mais édifie (I Cor., VIII, 1 ). Sans la science, en effet, on ne saurait acquérir les vertus qui font la bonne conduite et guident à travers cette misérable vie, de manière à atteindre la vie éternelle, qui est proprement la vie heureuse.

  1. Cependant il y a une différence entre la contemplation des choses éternelles et l’action qui consiste dans l’usage des choses temporelles : la première est attribuée à la sagesse, la seconde à la science. Quoiqu’on puisse aussi donner à la sagesse proprement dite le nom de science, dans le sens où l’Apôtre dit « Maintenant je connais imparfaitement; mais alors je saurai aussi bien que je suis connu moi-même (Id., XIII, 12 ) » — et par science, il entend ici évidemment la contemplation de Dieu, qui est la sublime récompense des saints; —cependant quand le même Apôtre dit ailleurs : « A l’un est donnée par l’Esprit la parole de sa gesse, à un autre la parole de la science « selon le même Esprit (Id., XII, 8 ), il distingue sans aucun doute entre ces deux choses, bien qu’il n’explique pas en quoi elles diffèrent ni à quel signe on peut les reconnaître. Mais en lisant et relisant les saintes Ecritures , j’ai trouvé, dans le livre de Job, ces paroles attribuées au saint homme: « La piété, voilà la sagesse; la fuite du mal, voilà la science (Job., XXVIII, 28 )». Cette distinction fait comprendre que la sagesse appartient à la contemplation et la science à l’action. Par piété, Job entend ici le culte de Dieu, ce que les Grecs appellent (503) Theosebeia ; car c’est là le terme qui se lit dans les exemplaires grecs.

Mais, dans les choses éternelles, qu’y a-t-il de plus grand que Dieu, dont la nature est la seule immuable? Et qu’est-ce que son culte, sinon son amour, qui nous fait désirer de le voir, et croire et espérer que nous le verrons? Or, en proportion de nos progrès, « nous voyons maintenant à travers un miroir en énigme, mais alors » nous le verrons dans sa manifestation. Car c’est ce que l’Apôtre veut dire par ces mots « face à face (I Cor., XIII, 12 ) » , et aussi ce qu’exprime saint Jean en ces termes : « Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais on ne voit pas encore ce que nous serons; nous savons que lorsqu’il apparaîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est (I Jean, III, 2 ) ». Dans ces passages et dans tous ceux de ce genre, il me semble qu’il est question de la sagesse; tandis que la. fuite du mal, que Job appelle la science, appartient sans aucun doute à l’ordre temporel. Car c’est dans le temps que nous sommes sujets aux maux que nous devons éviter pour arriver aux biens éternels. Par conséquent tout ce que nous faisons avec prudence, force, tempérance et justice, appartient à cette science ou doctrine qui règle nos actions en vue d’éviter le mal et de nous procurer le bien. Il en est de même de tous les exemples à rejeter ou à imiter, et de tous les documents propres à éclairer notre conduite, qui nous sont fournis par la connaissance de l’histoire.

  1. Il me semble donc que tout ce qu’on dit là-dessus se rapporte à la science, et qu’il ne faut pas confondre ce langage avec celui qui a trait à la sagesse, à laquelle appartient, non ce qui a été ou ce qui sera, mais ce qui est : toutes les choses qui sont dites passées, présentes et futures à cause de l’éternité où elles existent, sans aucun changement dû au temps. Car elles n’ont pas été pour cesser d’être, ni elles ne laissent pas d’être à présent pour exister à l’avenir; mais l’être qu’elles ont aujourd’hui, elles l’ont toujours eu et l’auront à jamais. Or, leur existence n’est point locale, comme celle du corps; mais, dans leur nature immatérielle, elles sont aussi intelligibles et perceptibles pour le regard de l’intelligence, que les objets qui occupent l’esprit sont visibles ou palpables pour les sens du corps. Et non-seulement les raisons intellectuelles et immatérielles des choses sensibles occupant l’espace subsistent sans être dans l’espace; mais les raisons mêmes des mouvements passagers, intellectuelles, elles aussi, et non sensibles, subsistent en dehors du cours du temps. Il n’est donné qu’à un petit nombre de les atteindre par le regard de l’âme; et quand on y parvient — autant que cela est possible —l’esprit ne saurait s’y fixer; son regard est comme repoussé, il ne peut songer qu’en passant à des choses qui ne passent pas.

Cependant cette pensée, en passant par les enseignements que l’âme reçoit, tombe dans le domaine de la mémoire, où elle pourra du moins revenir, puisqu’elle ne peut pas s’y fixer. Et si elle ne revient pas à la mémoire, pour y retrouver ce qu’elle lui avait confié, alors, comme une ignorante, elle sera reconduite comme la première fois à la source où elle avait d’abord puisé, dans la vérité immatérielle, d’où le type serait de nouveau imprimé dans la mémoire. Si par exemple la raison d’un corps carré reste en elle-même immatérielle et immuable, la pensée de l’homme ne saurait cependant s’y fixer, à supposer qu’il puisse la concevoir en dehors de l’espace local. Ou encore si le rythme d’un son produit par l’art de la musique, en passant à travers le temps, peut être saisi, on peut aussi, en dehors du temps, dans un intime et profond silence, y penser au moins tant qu’on peut l’entendre chanter; cependant ce que le regard de l’âme en aura pris en passant et comme au vol, qu’elle aura ensuite savouré, digéré et mis en réserve dans sa mémoire, elle pourra le ruminer, pour ainsi dire en souvenir et faire passer dans ses connaissances acquises ce qu’elle aura ainsi appris. Que si l’oubli a tout effacé, l’enseignement peut ramener de nouveau ce qui était entièrement perdu et le faire retrouver tel qu’il était.

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The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity Compare
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