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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate De la trinité
Livre XIII

CHAPITRE VII.

LA FOI EST NÉCESSAIRE A L’HOMME POUR PARVENIR UN JOUR AU BONHEUR, CE QUI N’AURA LIEU QUE DANS LA VIE A VENIR. RIDICULE ET MISÉRABLE BONHEUR DES ORGUEILLEUX PHILOSOPHES.

  1. Conséquemment la foi en Dieu est surtout nécessaire en cette vie si pleine d’erreurs et de peines. Il n’est pas possible d’imaginer d’où viendraient les biens, particulièrement ceux qui rendent bon et ceux qui rendront heureux, s’ils ne descendent pas de Dieu sur l’homme pour l’enrichir. Mais quand, au sortir de cette vie, celui qui sera resté bon et fidèle au milieu de ses misères, entrera dans la vie heureuse, alors il lui arrivera ce qui est absolument impossible ici-bas, de vivre selon ses désirs. En effet, au sein de cette félicité, il ne voudra plus le mal, il ne voudra rien de ce qu’il n’aura pas, et il ne lui manquera rien de ce qu’il désirera. Il aura tout ce qu’il aimera, et ne désirera rien de ce qu’il n’aura pas. Tout ce qui sera là, sera bon, le Dieu souverain sera le souverain bien et appartiendra en jouissance à ceux qui l’aiment: et, pour comble de bonheur, on aura la certitude que cela durera toujours.

Sans doute, les philosophes se sont fait certains genres de bonheur, au gré de leurs caprices, comme s’il eussent pu, par leur vertu propre, ce qui est impossible à la condition humaine, vivre comme ils voudraient. Ils sentaient que pour être heureux, il faut absolument posséder ce qu’on désire, et ne rien souffrir de ce qu’on ne veut pas souffrir. Or, qui ne voudrait avoir à sa disposition le genre de vie qui lui plaît et qu’il appelle le bonheur, de manière à le faire toujours durer ? Mais qui le peut? Quel homme désire, pour l’honneur de les supporter avec courage, même les incommodités qu’il veut et peut supporter quand il les éprouve? Qui désire vivre dans les tourments, même parmi ceux qui sauraient y vivre vertueux à l’aide de la patience et sans s’écarter de la justice ? Tous ceux, justes ou pécheurs, qui ont enduré des maux de ce genre, soit qu’ils les aient désirés, soit qu’ils aient redouté de perdre ce qu’ils aimaient, tous savaient bien que ces maux seraient passagers. Beaucoup même tendaient courageusement, à travers des épreuves éphémères, à des biens qui ne devaient pas finir. Et certainement l’espérance rend heureux ceux qui souffrent ainsi des maux passagers, par lesquels on achète des biens qui dureront toujours. Mais être heureux en espérance, ce n’est pas encore être heureux, puisque c’est attendre par la patience un bonheur qu’on ne possède pas encore. Or, celui qui n’a pas cette espérance, qui souffre sans attendre cette récompense, celui-là a beau être patient: il n’est pas véritablement heureux, il n’est que courageusement malheureux. Car il ne cesse pas d’être malheureux parce qu’il le serait davantage, s’il supportait impatiemment son malheur.

Mais quand même il ne souffrirait pas en son corps ce qu’il n’y veut pas souffrir, il ne serait pas heureux pour autant, puisqu’il ne vit pas comme il veut. En effet, pour ne pas parler d’autres maux qui atteignent l’âme sans blesser le corps, dont nous voudrions être exempts et qui sont sans nombre, assurément il voudrait, s’il était possible de maintenir son corps dans cet état de santé et d’intégrité, et de n’en être jamais incommodé, il voudrait que cela dépendît de sa volonté, ou de l’incorruptibilité du corps lui-même. Or cela n’étant pas ou restant fort précaire, il ne vit certainement pas comme il veut. En effet, bien qu’il soit disposé à accepter et à supporter courageusement tout ce qui peut lui arriver de fâcheux, il aimerait cependant mieux qu’il ne lui arrivât rien et il fait tout ce qu’il peut pour se garantir. Il est donc prêt à l’alternative : il désire l’un, et il évite l’autre, autant que possible, et si ce qu’il évite lui arrive, il le supportera patiemment parce qu’il n’a pu obtenir ce qu’il désirait. Il fait donc effort pour ne pas être accablé, mais il voudrait être débarrassé du fardeau. Peut-ou dire alors qu’il vit comme il veut? Serait-ce parce qu’il est disposé à supporter de bon coeur ce qu’il aurait voulu éviter ? Alors c’est vouloir ce qu’on peut, quand on ne peut pas ce qu’on veut. Pourtant voilà tout le bonheur — dirai-je ridicule ? dirai-je misérable ? — de ces fiers mortels qui se vantent de vivre comme ils veulent, parce qu’ils supportent volontiers et patiemment ce qu’ils voudraient bien pouvoir éviter. C’est là, (512) disent-ils, le sage avis que donne Térence: « Si ce que tu veux est impossible, tâche de vouloir ce que tu peux (Andr., act. II, sc,. I, V, 5, 6) ». Excellent conseil, qui le nie ? Mais conseil donné à un malheureux, pour l’empêcher d’être malheureux. Quant à celui qui possède réellement le bonheur que tout le monde désire, il ne serait ni vrai ni juste de lui dire: Ce que tu veux est impossible. Car, s’il est heureux, tout ce qu’il veut est possible, puisqu’il ne veut rien d’impossible. Mais cette vie n’appartient pas à notre condition mortelle; elle n’est possible qu’au sein de l’immortalité. Et si l’immortalité ne peut être le partage de l’homme, c’est en vain qu’il cherche le bonheur : car il n’y a pas de bonheur sans l’immortalité.

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