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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De spiritu et littera De l'esprit et de la lettre
CHAPITRE XXXV. CONCLUSION DE CET OUVRAGE.

63.

On aurait pu me répondre qu'il s'agit dans tout cela d'oeuvres divines, tandis que vivre dans la justice est éminemment une oeuvre humaine. En face de cette objection, j'ai entrepris de prouver dans ce livre, peut-être plus longuement qu'il ne fallait, que toute vie sainte et sans péché est avant tout et surtout une oeuvre divine. Malgré mes longueurs, il me semble toujours que je n'en dis pas assez pour confondre les ennemis de la grâce; quelle joie pour moi de beaucoup parler, quand je me sens soutenu par les oracles aussi nombreux que formels de la sainte Écriture ! En cela, du reste, voici ma règle infaillible: Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur1, et en toutes choses rendons grâce au Seigneur notre Dieu, et élevons notre coeur vers le ciel; car c'est du Père des lumières que nous viennent toute grâce excellente et tout don parfait2.

Enfin, si une vie sainte et sans péché n'est point l'oeuvre de Dieu et est la nôtre propre, parce que, après tout, c'est nous-mêmes qui vivons et agissons, ne pourrait-on pas dire également que jeter une montagne dans la mer n'est pas l'oeuvre de Dieu, puisque le Seigneur a déclaré que l'homme pouvait le faire par la foi, et lui a attribué cette oeuvre en disant : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: Levez-vous et jetez-vous dans la mer, et elle le ferait, car rien ne vous sera impossible[^4] ? » Il est certain que le Sauveur s'est servi dit mot : à vous, et non pas à.moi ou à mon Père; et cependant des oeuvres de ce genre, l'homme ne peut en accomplir que par la grâce et l'action même de Dieu. C'est ainsi que la justice parfaite ne s'est réalisée dans aucun homme, quoique cependant elle ne soit pas impossible. Elle se réaliserait cependant, si elle trouvait une volonté proportionnée à la grandeur de cette entreprise. Or, elle y serait proportionnée si, d'un côté, nous avions la connaissance parfaite de tout ce qui concerne la justice, et si, d'un autre côté, l'amour de cette même justice correspondait à la connaissance que nous en avons, de telle sorte que tout sentiment de plaisir ou de douleur qui pourrait s'opposer à la justice disparaisse infailliblement devant l'amour de cette vertu. Si ces deux conditions, la connaissance et l'amour, ne se réalisent pour aucun d'entre nous, la cause eu est, non point dans une impossibilité réelle, mais dans la profondeur des jugements de Dieu. Ne savons-nous pas qu'il n'est point au pouvoir de l'homme de tout savoir, de posséder ce qu'il connaît, ou même de désirer toujours ce qui pourtant lui apparaît digne d'attachement et d'affection? Il faudrait pour cela que le bien nous inspirât autant de plaisir qu'il devrait nous inspirer d'amour. Cet heureux état ne convient qu'à une âme entièrement guérie.


  1. II Cor. X, 17. ↩

  2. marc, XI,23, 24 ; Luc, XVII, 6. ↩

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