12.
Pour confondre les disciples de Manès, les Pélagiens font un pompeux éloge du libre arbitre, et l'appuient sur ces paroles du Prophète : « Si vous le voulez, et si vous m'écoutez, vous goûterez les biens de la terre ; mais si vous ne le voulez pas, et si vous ne m'écoutez pas, le glaive vous dévorera[^1] ». Mais que leur importe cet éloge ? Le véritable but qu'ils se proposent, ce n'est pas de justifier le libre arbitre contre les Manichéens, mais d'en exagérer la puissance contre les catholiques. En effet, par ces paroles du Prophète : « Si vous le voulez, et si vous m'écoutez », n'ont-ils pas la prétention de prouver que c'est dans la volonté précédente que se trouve le mérite de la grâce subséquente ; de telle sorte que la grâce n'est plus la grâce, car loin d'être absolument gratuite, elle n'est plus qu'une dette rigoureuse ? Au contraire, qu'ils admettent avec nous, que cette parole : « Si vous le voulez », suppose que cette volonté humaine a été rendue bonne par Celui qui peut seul la préparer, selon qu'il est écrit : « La volonté est préparée par le Seigneur1 » ; et alors ils saperont par la base l'ancienne hérésie des Manichéens et ne trouveront plus aucun fondement pour bâtir la nouvelle hérésie des Pélagiens.
- Isa. I, 19, 20.
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Prov. VIII, selon les Sept. ↩