17.
Quant aux louanges prodiguées aux saints, nos adversaires ne veulent pas que nous ayons faim et soif de la justice à l'exemple du publicain ; à les en croire, nous serions plutôt des pharisiens rassasiés et repus de toute la vanité de notre justice1. Répondant aux Manichéens qui nient le baptême, ils soutiennent contre eux que « les hommes sont parfaitement renouvelés par le baptême », et pour preuve ils citent ces paroles de l'Apôtre : « Afin qu'après l'avoir purifiée dans le baptême de l'eau, il rendit sainte et immaculée son Église formée de toutes les nations2 ». Mais à quoi leur sert-il détenir ce langage, quand on les voit aussitôt, cédant à leur sens orgueilleux et pervers, soulever de brûlantes disputes contre les prières mêmes de l'Église ? Ne se proposent-ils pas de nous faire croire que, après le saint baptême, dans lequel s'accomplit la rémission des péchés, l'Église ne saurait plus désormais commettre aucune faute ? Et pourtant, depuis l'orient jusqu'au couchant, n'est-ce pas cette même Église que nous entendons s'écrier dans la personne de ses membres : « Pardonnez-nous nos offenses[^1] ? » Pressez-les de questions sur ce point, ils ne savent plus que répondre. S'ils disent qu'ils sont sans péché, saint Jean leur réplique qu'ils se trompent, et que la vérité, n'est point en eux3. S'ils confessent qu'ils sont coupables, comme ils veulent être les membres du corps de Jésus-Christ, qu'ils nous expliquent comment il peut se faire que l'Église soit dès ici-bas d'une entière perfection, sans tache et sans souillure, quand tous ses membres proclament en toute vérité qu'ils ne sont point sans péché ? Pourtant il est parfaitement vrai de dire que les péchés sont remis dans le baptême, et que, par ce bain de l'eau avec la parole, Jésus-Christ se forme une Église sans tache et sans souillure4. En effet, si l'Église n'était point baptisée, c'est en vain qu'elle dirait : « Pardonnez-nous nos offenses », et c'est ce qu'elle dira toujours jusqu'à ce qu'elle parvienne à cette gloire éternelle où elle sera réellement sans tache et sans souillure.
- Matt. VI, 12.