45.
Admettons la réalité de ces faits, dont les amis de Pélage se réjouissent comme d'un triomphe, parce que leur chef en est sorti justifié. D'un autre côté, produisant quelques-unes de nos lettres, écrites dans l'intimité, Pélage en a donné lecture dans le cours de la séance, et les a fait insérer dans les actes publics, afin de prouver que nous lui étions uni d'amitié. Oui, sans doute, nous désirons. vivement, nous implorons ardemment son salut en Jésus-Christ; mais s'il s'agit de sa justification,, qu'il est plus facile de croire que de prouver, ne serait-ce pas témérité de nous en réjouir? Loin de moi cependant d'accuser les juges de négligence, de connivence; ou, ce qui serait pire encore, de complicité pour des doctrines impies. Je loue et approuve leur jugement comme il le mérite, toutefois je ne saurais croire que Pélage est réellement justifié aux yeux de ceux qui ont de ses opinions une connaissance plus approfondie et plus certaine. Disons-le, nos collègues dans l'épiscopat se sont prononcés sans connaître, d'autant plus qu'ils n'étaient assistés par aucun de ceux qui avaient rédigé lie réquisitoire, d'où il suit que leur instruction a été nécessairement incomplète. Quant à l'hérésie elle-même, ils l'ont certainement condamnée, de l'aveu même de ceux qui s'en étaient posés les défenseurs. En dehors de ces jugés, tous ceux qui connaissent les opinions privilégiées de Pelage, tous ceux qui ont eu à soutenir ces discussions, ou qui se félicitent d'avoir secoué le joug de son erreur, comment sa justification ne leur paraîtrait-elle pas suspecte, quand, au lieu d’un désaveu clair et formel de ses erreurs passées, ils ne lisent qu'une profession de foi, déclarant qu'il n'a jamais eu d'autre croyance que celle dont le tribunal a sanctionné la légitimité dans ses réponses?