XXI.
La confession du nom chrétien est le commencement de la gloire, mais elle n’assure pas définitivement la récompense céleste; elle rehausse notre dignité, mais sans nous conduire au couronnement de l’édifice. Il est écrit: Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé; donc tout ce qu’on fait avant la fin est un degré par lequel on arrive au faîte du salut. Mais ce n’est pas encore le salut.
Vous êtes confesseur de la foi, c’est bien; mais prenez garde, le péril est encore plus grand, parce que l’ennemi est plus furieux. Vous êtes confesseur de la foi : raison de plus pour vous attacher à l’Évangile du Seigneur, vous qui n’avez mérité votre gloire que par l’Évangile. Le Seigneur a dit: On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu. Plus on est élevé en dignité, plus on doit être fidèle. Que personne ne périsse par l’exemple d’un confesseur de la foi; que personne ne trouve dans ses moeurs des leçons d’injustice, d’orgueil, de (141) perfidie. Vous êtes confesseur, soyez donc humble et patient, soyez modeste et réservé dans votre conduite; soyez digne du nom que vous portez et imitez le Christ dont vous proclamez la divinité. Jésus a dit : Celui qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé. Lui-même, le Verbe, la Puissance, la Sagesse du Père, a été élevé parce qu’il s’est abaissé sur la terre. Comment donc., aimerait-il l’orgueil, lui qui nous fait un précepte de l’humilité et qui, à cause de cette humilité, a reçu de son père le plus sublime de tous les noms?
Vous êtes confesseur du Christ; encore une fois, c’est bien; mais alors ne blasphémez pas la majesté et la divinité, du Christ. Votre langue lui a rendu témoignage, qu’elle ne soit donc plus un instrument de médisance, de troubles, de haines, de discordes. Qu’elle ne distille plus sur les fidèles et sur les prêtres de Dieu le venin de la calomnie, assaisonné de quelques mots d’éloge. Du reste, sachez-le bien, si vous reprenez votre vie coupable et criminelle, si vous perdez par vos mauvaises moeurs le mérite de votre confession, si vous souillez votre vie par des vices honteux, si, en un mot, désertant l’Église où vous avez reçu votre titre de confesseur, vous brisez les liens de l’unité et imprimez à votre foi première la flétrissure de la perfidie, vous compteriez en vain sur votre confession pour arriver à la récompense céleste. Loin de là, vous ne méritez que de plus graves châtiments.
