25. En quoi consiste l'orgueil charnel.
Lorsque cet orgueil, que nous appellerons charnel, s'est glissé dans l'âme du religieux par la tiédeur et l'imperfection de son renoncement, il ne lui permet plus de descendre, des sentiments vaniteux qu'il avait dans le monde, à la véritable humilité du Christ. L'orgueil d'abord le rend désobéissant et dur. Il l'empêche d'être doux et affable; il s'oppose à ce qu'il se considère comme l'égal de ses frères. II ne peut écouter le précepte du Dieu sauveur, et se dépouiller entièrement des richesses de la terre. Quoique la profession religieuse soit un engagement public à la mortification et à la Croix, et qu'elle ne puisse avoir d'autre fondement que de mourir intérieurement au monde et de renoncer, tous les jours, à la vie du corps, il se promet, au contraire, une longue vie; il redoute les infirmités de l'âge, et la honte qu'il aurait de se trouver dans le besoin, et d'être obligé de recevoir le secours des autres. Il se persuade qu'il vaut bien mieux pourvoir lui-même à sa nourriture et à son vêtement, que de recourir à la charité du prochain. Et il s'appuie sur cette parole que l'aveuglement et la lâcheté de son cœur l'empêchent de comprendre : « On est plus heureux de donner que de recevoir. » (Act., XX, 35.)