17. De la lecture pendant les repas.
L'usage de faire, dans les couvents, une lecture pieuse pendant que les frères sont à table, ne vient pas des solitaires d'Égypte, mais de ceux de Cappadoce. Il est certain qu'ils ont établi cette règle, non pas tant pour s'occuper de saintes pensées, que pour éviter des conversations inutiles et frivoles, et surtout pour empêcher les contestations qui naissent pendant les repas et qu'ils ne croyaient pouvoir arrêter d'une autre manière. Les solitaires d'Égypte, et principalement ceux de Tabenne, gardent tous un si profond silence, que parmi ces religieux si nombreux, qui mangent ensemble, il n'y en a pas un seul qui ose ouvrir la bouche; il faut excepter celui qui est chargé d'une dizaine, et encore est-ce plutôt par des signes et des paroles qu'il indique ce qu'il est nécessaire d'enlever ou d'apporter sur la table. Ce silence est rigoureusement gardé pendant les repas , et les religieux abaissent leur capuchon sur leurs yeux pour éviter la tentation de satisfaire leur curiosité. Ils ne peuvent voir que la table et les aliments qu'on leur sert. Personne n'aperçoit ce qu'un autre mange.