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Le petit bourg de Marone, assis du côté de l'Orient à trente milles ou environ d'Antioche, ville de Syrie, après avoir changé de plusieurs maîtres, passa enfin (lorsque, étant encore fort jeune, je demeurais en ce pays-là) entre les mains de l'évêque Evagrius, mon allié, lequel je nomme pour indiquer comment j'ai appris ce que je vais écrire.
Il y avait un vieillard nommé Male , qui est un nom syriaque, lequel signifie roi. Il était Syrien de nation, parlait fort bien cette langue, et je croyais qu'il était originaire de ce même bourg, où une bonne femme cassée de vieillesse et toute prête à mourir demeurait aussi avec. lui. lis vivaient tous deux dans une telle piété et étaient si assidus à l'église qu'on les aurait iris pour Zacharie et Elisabeth , n'eût été que saint Jean ne paraissait point au milieu d'eux. M'enquérant soigneusement des habitants si le lien qui les unissait était le mariage, ou la parenté, ou la dévotion, tous d'une commune voix me répondirent que c'étaient des personnes saintes et très agréables à Dieu, et m'en contèrent certaines choses si merveilleuses que, poussé du désir d'en apprendre la vérité, j'allai trouver ce saint personnage; et ma curiosité m'ayant fait lui demander si je devais ajouter foi à ce que l'on m'avait rapporté, voici ce que j'appris de lui.
