III. — La direction des Supérieurs.
Le soin d'éviter les exigences excessives s'impose encore plus dans un monastère où doit s'établir un niveau de vertu extérieure, auquel tous puissent se hausser et se maintenir.
Aussi le maître le plus persuasif de la discrétion est le grand Pacôme, le fondateur du cénobitisme.
Contemporain de la fougue d'austérités qui emporte les premiers grands solitaires, le génie de Pacôme invente le vrai monastère. Il est surprenant de voir, dès le début, la vie parfaitement ordonnée de ces immenses groupements d'ascètes, et en particulier, la distribution du travail. L'esprit d'organisation n'aurait pas suffi. Ce qui nous étonne le plus, c'est la douce lumière de sagesse, de douceur, de discrétion que répand la règle apportée par l'ange et toute la vie de Pacôme.
Elève de Palémon, émule de Macaire, connaissant par expérience les sévérités que supporte un cœur vaillant, il sait condescendre aux vertus moyennes et même aux faiblesses. « Vir humanissimus », comme l'appelle Sozomène, il a l'art des ménagements, de la longanimité, de la correction opportune. Nous ne trouverons pas chez les grands maîtres modernes de la douceur et de la confiance une conduite plus encourageante que celle de Pacôme à l'égard de Silvain le comédien.
Avec ces principes de gouvernement paternel, ces procédés de direction indulgente, nous entendons exprimée par Ammon, par Paphnuce et par Antoine, l'aversion des reproches sans pitié et la condamnation des sévérités qui désespèrent.