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Works Desert Fathers Les pères du désert
CHAPITRE VI. DISCRÉTION
III. — La direction des Supérieurs.

La correction des fautes.

Le supérieur doit se garder de l'emportement et de l'impatience.

Il se guidera à la lumière de la charité et de la compassion pour les frères égarés ou de faible vertu.

Dangers des reproches et des châtiments indiscrets.

Les Saints Pères ont dit à ce sujet cette parole mémorable : Si, lorsque vous reprenez votre frère, vous vous laissez emporter au mouvement de votre colère, vous avez satisfait votre propre passion. Cependant nul homme sage ne renverse sa propre maison pour bâtir celle de son prochain. Si le trouble dans lequel vous êtes ne se passe point, faites-vous violence pour arrêter les sentiments de votre coeur, et adressez-vous à Dieu par cette prière : « O Dieu qui êtes plein de miséricorde, et qui aimez si tendrement nos âmes, vous, mon Dieu, qui nous avez tirés du néant par une bonté que nous ne pouvons ni expliquer, ni comprendre, qui nous avez donné l'être, afin que vous puissiez nous communiquer vos dons et vos richesses, et qui ayant eu pitié de nous, après même que nous avions, été assez malheureux pour nous éloigner de l'observation de vos préceptes, nous avez rappelés à vous par le mérite de votre sang adorable, assistez-moi dans cet état de misère et de faiblesse où je me trouve ; et comme autrefois vous avez commandé aux flots irrités de la mer de se calmer, daignez de mémo apaiser l'émotion de mon coeur, et ne souffrez pas que vous perdiez en même temps deux de vos enfants, en permettant que le péché leur donne le coup de la mort; afin que vous n'ayez pas sujet de me dire un jour ces paroles de votre prophète : Que me sert-il d'avoir répandu mon sang, si je tombe dans la corruption? Et ces autres si terribles : Je vous dis en vérité, je ne vous connais point; parce que faute d'avoir mis de l'huile dans vos lampes, vous les avez laissé malheureusement éteindre. » Et après que vous aurez apaisé l'agitation de votre coeur par cette prière, vous pourrez ensuite, selon l'avis de l'Apôtre, reprendre votre frère et le punir, suivant en l'un et en l'autre les règles de la prudence et de l'humilité, et vous appliquer à la correction et à la guérison de ce membre infirme avec toute la charité et la compassion que vous lui devez. Et aussi votre frère de son côté étant convaincu de l'amour que vous avez pour lui, recevra la correction que vous lui ferez et condamnera la dureté de son coeur, et de cette sorte vous lui donnerez la paix, après vous l'être donnée à vous-même. (Dorothée, XVII. P. G., 88, 1801.)

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Un frère ayant, à ce que l'on disait, fait quelque faute dans le monastère et en ayant été repris assez aigrement, il s'en alla trouver saint Antoine. Ce que les autres voyant, ils le suivirent pour le ramener et lui reprochaient cette faute en la présence du saint. Lui au contraire soutenait de ne l'avoir point commise. Saint Paphnuce surnommé Céphale s'y étant rencontré, leur dit à tous cette parabole dont ils n'avaient jamais entendu parler : « J'ai vu sur le bord du fleuve un homme qui était dans la bourbe jusqu'aux genoux et quelques-uns qui venant lui donner la main pour l'en retirer l'y ont enfoncé jusqu'au col. » Alors saint Antoine regardant Paphnuce dit : « Voilà un homme qui juge les choses selon la vérité et qui est capable de sauver les âmes. » Ces solitaires furent si touchés de ce discours, qu'ils firent pénitence de la mauvaise conduite qu'ils avaient tenue et ramenèrent au monastère celui qui en était sorti par leur faute. (Ruffin, 138. P. L., 74, 787.)

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Il arrive quelquefois, que ce qui est un remède à une personne devient un poison à une autre, et qu'un même remède est à une personne tantôt salutaire, lui étant donné dans un temps propre, et tantôt pernicieux et mortel, lui étant donné à contre-temps.

J'ai vu un médecin spirituel, également ignorant et indiscret, lequel ayant humilié et mortifié mal à propos une personne malade et toute languissante sous le poids de ses péchés, ne fit autre chose par cette rude mortification que de la jeter dans le désespoir. Et j'en ai vu un autre également sage et discret, lequel ayant fait par la force et la sévérité de ses paroles comme de profondes incisions dans une âme enflée d'orgueil, l'avait purifiée de toute la corruption qui l'infectait, et qui répandait au dehors une odeur insupportable.

J'ai vu un même malade spirituel, qui voulant purger une humeur maligne qui lui corrompait le coeur, avalait comme un breuvage salutaire toute l'amertume de l'obéissance en s'occupant dans les exercices corporels sans se reposer, et qui quelquefois au contraire pour guérir l'ceil de son âme qui était malade, se tenait dans le repos et dans le silence. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ce que je veux dire. (Clim., XXVI, 25-27. P. G., 88, 1020.)

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Si vous voulez guérir votre prochain de quelque péché, et comme ôter une paille de son oeil (ou plutôt si vous croyez le vouloir) ne vous servez pas pour cet effet d'un instrument grossier qui l'enfoncerait encore davantage, mais servez-vous plutôt d'un instrument délicat. Cet instrument grossier n'est autre que des paroles rudes, et des gestes indécents et violents, tels que sont ceux d'un homme en colère; et cet instrument délicat est une instruction douce, et une répréhension charitable et modérée. « Reprenez, dit saint Paul; corrigez et conjurez », mais il ne dit pas frappez. Que s'il arrive qu'il faille même frapper, ne le faites que rarement, et que ce ne soit jamais par vous-même. (Clim., VIII, 21. P. G., 88, 832.)

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Un frère qui était dans le monastère de l'abbé Élie en ayant été chassé à cause de quelque tentation à laquelle il avait succombé, il s'en alla trouver saint Antoine, qui, après l'avoir gardé durant quelque temps auprès de lui, le renvoya d'où il venait. Mais les frères ne le voulant pas recevoir et l'ayant chassé pour une seconde fois, il s'en alla encore trouver saint Antoine, et lui dit : « Mon Père, ils n'ont pas voulu me recevoir. » Sur quoi ce grand serviteur de Dieu leur envoya dire ces propres mots : « Un vaisseau, après avoir perdu tout ce dont il était chargé, et fait naufrage, est arrivé enfin avec grande peine au bord de la mer, et le voyant en cet état vous le voulez faire périr. » Ces paroles leur ayant fait connaître le sentiment et l'intention du saint, ils reçurent aussitôt ce solitaire. (Pélage, IX, 1. P. L., 73, 909.)

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Quelques anciens étant allés trouver l'abbé Poemen lui demandèrent : « Si nous voyons des frères sommeiller pendant l'office, devons-nous les secouer, pour qu'ils reviennent à eux-mêmes et se tiennent éveillés? » — « Quant à moi, ré-pondit Pcemen, si je vois un frère sommeillant, je mets sa tête sur mes genoux, et je l'aide à se reposer. » (Apoph. Poemen, 32. P. G., 65, 343.)

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