Le candidat aux jeux olympiques.
Celui qui lutte dans la carrière ne sera point couronné s'il ne combat généreusement. Celui qui veut éteindre les désirs de la chair qui sont naturels, doit auparavant surmonter ceux qui sont hors nature. Car pour bien comprendre ce que saint Paul nous commande par cette parole, nous devons considérer d'abord quels sont les lois et les règlements de ces sortes de combats du monde afin que nous puissions mieux voir par cette comparaison ce que ce saint Apôtre veut que nous observions dans la guerre invisible à laquelle il nous exhorte. Car nous voyons que dans ces combats où, selon le même saint Paul, ceux qui remportent la victoire ne peuvent espérer qu'une couronne corruptible, l'athlète qui se prépare à remporter cette couronne et tous les avantages qu'on y joint, doit commencer d'abord par faire voir un essai de ses forces dans les jeux olympiques, et montrer dans ces préludes de quelle manière il s'est exercé durant sa jeunesse. Car c'est là que les jeunes gens qui veulent embrasser la profession d'athlète sont examinés et que celui qui préside à ces jeux avec tout le peuple ensemble, juge s'ils méritent d'y être admis.
On considère d'abord s'il n'y a aucune tache infâme dans toute sa vie, et s'il n'a jamais été esclave, ce qui le rendrait indigne de cette profession, et de la compagnie de ceux qui l'embrassent. On voit en troisième lieu s'il donne des marques suffisantes de sa force et si en luttant contre d'autres jeunes gens de son âge, il signale sa fermeté et son adresse ; si lorsque sortant des exercices des jeunes hommes et passant à ceux des hommes parfaits on lui permet de lutter contre des hommes d'une longue expérience, il témoigne que non seulement il est leur égal, mais que souvent même il les passe, et qu'il les surmonte. Enfin après toutes ces recherches et ces différentes épreuves, il mérite de passer aux combats des athlètes où l'on n'admet que ceux qui se sont signalés par leurs victoires passées. Nous comparons l'ordre et les degrés de nos combats spirituels avec ces autres dont nous parlons. (Inst., V, 12. P. L., 49, 227.)