Bonté condescendante. Paphnuce et les brigands,
Le saint abbé Paphnuce, qui ne buvait jamais de vin, allant par les champs et étant fort fatigué du travail du chemin, rencontra une troupe de voleurs, qui buvaient ensemble. Celui qui en était le chef l'ayant reconnu, et sachant qu'il ne buvait point de vin, lui dit en lui présentant d'une main un verre de vin, et tenant de l'autre son épée nue : « Si tu ne bois cela, je te tuerai. » Le saint vieillard qui, pour accomplir le commandement de Dieu, voulait gagner à son service l'âme de cet homme, prit le verre, et but le vin. Ce qui toucha si fort ce voleur, qu'il lui demanda pardon, et lui dit : « Pardonnez-moi, mon Père, le déplaisir que je vous ai fait. » Le saint vieillard lui répondit « J'ai confiance en mon Dieu qu'il se servira de cette rencontre, pour vous faire miséricorde et en ce monde et en l'autre. » A quoi ce voleur répartit : « Et moi j'espère qu'à commencer dès ce moment, Dieu me fera la grâce de ne faire de ma vie tort à personne. » Ainsi le saint gagna ce voleur, et ensuite tout le reste de la troupe, en s'abandonnant pour l'amour de Dieu à leur volonté. (Pélage, XVII, 12. P. L., 73, 975.)