L'art de panser les plaies intimes.
Deviner, comprendre, excuser les peines des autres. Que le spirituel dans la force et le prestige de la jeunesse, à qui vont les frères comme au porteur d'un message nouveau, pense au chagrin du père spirituel qui, à la rareté des visites mesure le déclin de ses forces et de sa réputation.
Avant que l'abbé Poemen vint en Égypte, il y avait un vieillard entouré d'une grande vénération. Mais lorsque Poemen fut venu de Scété et se fut établi dans le voisinage, beaucoup venaient à lui, laissant les conseils du vieillard, qui en conçut de l'envie et le montra dans ses discours. Poemen ayant connu cela, en fut affligé et dit à ses frères : « Quel ennui nous donnent ces gens, en abandonnant ce saint pour venir à nous, hommes de rien. Que faire? Comment guérir cet homme vénérable?
Allons, préparons un petit festin, portons-le -chez lui avec un peu de vin, peut-être parviendrons-nous à l'amadouer. » Ils partirent et ayant frappé, ils dirent à son disciple : « Préviens ton maître que l'abbé Poemen vient demander sa bénédiction. » Mais le vieillard leur fit répondre : « Retirez-vous, car je n'ai pas le temps. Eux, bien affligés, insistèrent : « Nous ne partirons pas sans nous être mis à ses pieds. » Alors le vieillard ayant connu leur humilité et leur patience, ouvrit la porte et s'étant embrassés, ils mangèrent ensemble. Et le vieillard leur dit : « Ce qu'on m'avait rapporté de vous est au-dessous de la réalité. Vos actions sont cent fois plus que l'éloge qu'on fait. » Et il leur devint un ami très cher. (Pélage, XVII, 8. P. L., 73, 974.)