La sympathie avec toute créature.
Siméon l'ancien passa un très long temps dans la solitude n'ayant pour tout logement qu'une caverne, ne mangeant que des herbes, et étant entièrement privé de toute conversation humaine. Mais il parlait sans cesse au Dieu et au maître de l'univers; et il acquit par ses travaux un si grand trésor de grâces spirituelles, qu'il commandait même aux bêtes les plus cruelles et plus farouches, ce dont non seulement des fidèles, mais même des juifs ont été témoins. Car quelques-uns d'eux allant un jour en un bourg qui est au delà de notre province, il survint une telle pluie mêlée de vents et de tourbillons, que ne pouvant voir à se conduire il sortirent de leur chemin et s'égarèrent dans le désert, sans rencontrer ni une seule personne, ni un seul village, ni même une seule caverne. Se trouvant donc ainsi agités d'une aussi grande tempête sur la terre que s'ils fussent en pleine mer, ils arrivèrent enfin comme dans un port favorable à la caverne du divin Siméon, qu'ils trouvèrent dans toute la négligence qu'un homme peut avoir pour son corps, et n'ayant pour tout habit que quelques méchantes peaux de chèvres qui lui couvraient une partie des épaules. Il ne les eût pas plutôt aperçus qu'il les salua, car il était fort civil, et leur demanda le sujet de leur venue. Sur quoi, lui ayant dit ce qui leur était arrivé, et l'ayant prié de leur montrer le chemin du bourg où ils désiraient aller : « Ayez un peu de patience, leur répondit-il, et je vous donnerai des guides pour voue y mener ». Après s'être assis et avoir un peu attendu, ils virent venir deux lions qui au lieu d'avoir un regard farouche caressaient le saint, témoignant leur soumission. Alors en leur faisant signe il leur commanda de conduire ces étrangers, et de les remettre dans le chemin d'où ils s'étaient égarés. (Theod., 6. P.L., 74, 45.)