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Œuvres Pères du désert Les pères du désert
CHAPITRE VIII. CONTEMPLATION
III. — L'art de prier.

Apprenez-nous à prier!

Germain s'adresse à l'abbé Isaac. Germain a entendu bien des exhortations; il est déjà dans l'habitude de donner du temps à la prière. Mais, pense-t-il, il doit y avoir un art de prier, comme il y a une grammaire et une rhétorique. Il entrevoit confusément les linéaments de ces préceptes : se faire une idée qui aide à concevoir Dieu, moyens de la développer, recettes pour la fixer dans l'esprit. Germain attend de l'abbé Isaac qu'il mette au point ces éléments et lui livre une méthode.

Mon père, dit l'abbé Germain, il est certain que votre première conférence nous avait fort étonnés, et c'est ce qui nous avait portés à souhaiter encore le bien de vous voir, mais celle-ci nous étonne bien davantage. Car plus nous nous sentons encouragés par vos discours à soupirer après un si grand bonheur, plus aussi nous nous trouvons abattus et sans espérance, en ne voyant pas le moyen d'arriver à un état si sublime. Il faut donc, s'il vous plaît, que vous nous permettiez de vous ouvrir notre cœur, et de vous dire franchement toutes les pensées qui nous viennent, lorsque nous sommes en nos cellules.

Il nous semble donc, mon père, que chaque profession et chaque art doit, avant que de pouvoir monter à la perfection, passer par des commencements qui soient aisés et faciles afin que ces premières instructions soient comme un lait pour s'y nourrir et s'y fortifier peu à peu, et pour s'élever comme insensiblement et sans peine du dernier degré de cet art, à sa plus haute perfection. Comment, par exemple, un enfant pourrait-il prononcer les syllabes et assembler les mots, s'il n'avait appris auparavant à bien connaître les lettres ? Ou comment pourrait-il lire couramment, et sans hésiter, celui qui ne peut qu'à peine lire trois mots de suite? Comment pourrait devenir habile dans la rhétorique, ou dans la philosophie, celui qui ne sait pas encore les règles de la grammaire? Nous croyons de même, mon père, que cet art divin qui nous apprend à nous tenir inséparablement attachés à Dieu, a aussi ses principes et ses fondements qu'il faut établir d'abord, et bien affermir pour y asseoir ensuite cet édifice spirituel de la plus haute perfection. Que si vous nous permettez de vous dire nos pensées, quoique très informes, nous avons cru que ces fondements pouvaient être, d'après quelque objet et quelque idée qui remplit notre mémoire, et qui nous servit à concevoir Dieu, et à nous tenir en sa présence, et de chercher ensuite, comment on se peut fixer dans cette idée. Nous croyons, mon père, que tout est renfermé dans ces deux principes.

C'est pourquoi nous désirons savoir quelle peut être cette idée qui serait propre à nous faire concevoir Dieu, et à le rendre présent en sous, afin que tâchant de nous la tenir toujours devant les yeux, nous puissions dès lors que nous l'aurions perdue de vue, la rappeler aussitôt et la recouvrer sans aucune peine, Car il arrive quelquefois qu'après nous être longtemps égarés dans nos prières, lorsque nous revenons à nous, comme d'un profond assoupissement, et que nous réveillant de notre sommeil, nous cherchons de rappeler ce souvenir de Dieu, qui était déjà tout étouffé dans nous, cette longue recherche nous lasse, et avant même que noua ayons retrouvé nos premières pensées, notre effort et notre attention se relâchent et se dissipent sans que notre esprit ait pu rien concevoir de spirituel. Il est visible que nous ne tombons dans ce désordre et dans cette confusion, que parce que nous n'avons rien d'arrêté que nous nous proposions comme un objet fixe et immobile, auquel nous puissions tout d'un coup rappeler notre esprit après cette dissipation, et le faire rentrer comme dans un port tranquille, après qu'il s'est longtemps égaré de sa route. C'est pourquoi il arrive que notre âme dans cette ignorance, et dans tette multitude d'embarras et de difficultés, se trouvant comme dans une ivresse continuelle, va d'objet en objet, et de pense en pensée, sans qu'elle puisée même conserver longtemps celles qui sont bonnes, qui lui viennent plutôt par hasard que par sen travail et sa recherche, perce que les recevant toutes sans choix comme elles se présentent, elle ne peut remarquer quand elles se retirent comme elle ne s'était point aperçue de leur entrée. (Coll., X, 8. P. L., 49, 828.)

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