Nécessité de prévoir les tentations.
J'ai cru qu'il était nécessaire de rapporter ici ces choses, afin qu'en voyant non seulement par la raison, mais encore par des exemples, la violence de ces tentations, et l'ordre de ces vices qui déchirent misérablement une âme, nous en soyons glus sages pour éviter les pièges de l'ennemi. Les Pères de l'Égypte mêlent si indifféremment toutes ces choses ensemble, qu'ils rapportent toutes les tentations, ou celles qu'ils souffrent ou celles que les jeunes gens doivent souffrir à l'avenir, comme s'ils les enduraient encore eux-mêmes. Ils leur découvrent tout, afin qu'en leur éclaircissant toutes les illusions du démon, ceux d'entre les jeunes religieux qui sont plus fervents remarquent dans les discours de ces Pères toute la suite des tentations qu'ils ressentent, et qu'en les considérant comme dans un clair miroir, ils reconnaissent toutes les causes des vices qui les attaquent et les remèdes qu'ils y doivent apporter. Ils s'instruisent même par avance de la manière dont ils se doivent conduire dans les tentations à venir avant qu'ils en ressentent les effets, et ils savent comment ils pourront, ou les éviter, ou les attaquer, ou les vaincre. C'est ainsi que les plus habiles médecins ne se contentent pas de guérir les maladies présentes, mais qu'allant même par la force de leur art au-devant des maux à venir, ils les préviennent par un sage régime et par de salutaires breuvages. Ces saints hommes de même, qui sont les véritables médecins des âmes, prévoyant les maladies qui peuvent corrompre les coeurs, les guérissent avant leur naissance par leurs conférences spirituelle comme par un antidote divin; et ne souffrent pas qu'elles croissent et se. fortifient dans les jeunes gens, en leur découvrant en même temps Ies causes de ces passions, et les remèdes pour les guérir. (Inst., XI, 16. P. L., 49, 417.)