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Œuvres Pères du désert Les pères du désert
CHAPITRE II LA LUTTE
II. Le démon.

Les combats d'Antoine.

Contre la jeune vertu d'Antoine1 le démon s'est servi de ses armes ordinaires, l'attrait des jouissances qui s'offrent à ceux qui entrent dans la vie. Les tentations communes ayant échoué, il recourt à des moyens plus puissants de séduction, aux apparitions provocantes, aux chatouillement éhontés.

De nouveau vaincu, il se venge, il accable Antoine de coups, il le laisse étendu couvert de blessures. Quelle est la raison de ces cruautés? Est-ce une tactique? Ces attaques cependant paraissent bien moins dangereuses. A-t-il la prétention de faire demander grâce? Veut-il du moins que la crainte amène Antoine à modérer ses austérités?

En toute hypothèse, il se révèle l'ennemi de la nature humaine et montre le dessein qu'il a de torturer le corps de ses victimes qui auront été vaincues par ses flatteries.

Mais le démon qui hait tout ce qui est digne de louanges et qui envie toutes les bonnes actions des hommes, ne pouvant souffrir de voir une personne de cet âge se porter avec tant d'ardeur dans un tel dessein, résolut d'user contre lui de tous les efforts qui seraient en sa puissance. La première tentation dont il se servit pour le détourner de la vie solitaire, fut de lui mettre devant les yeux les biens qu'il avait quittés, le soin qu'il était obligé d'avoir de sa soeur, la noblesse de sa race, l'amour des richesses, le désir de la gloire, les diverses voluptés qui se rencontrent dans les délices, et tous les autres plaisirs de la vie. Il lui représentait d'un autre côté les extrêmes difficultés et les travaux qui se rencontrent dans l'exercice de la vertu, la faiblesse de son corps, le long temps qui lui restait encore à vivre; et enfin pour tâcher à le détourner de la sainte résolution qu'il avait prise, il éleva dans son esprit comme une poussière et un nuage épais de diverses pensées, Mais se trouvant trop faible pour ébranler un si ferme dessein que celui d'Antoine et voyant qu'au lieu d'en venir à bout il était vaincu par sa constance, renversé par la grandeur de sa foi, et porté par terre par ses prières continuelles, alors se confiant avec orgueil, selon les paroles de l'Écriture, aux armes de ses reins, qui sont les premières embûches qu'il emploie contre les jeunes gens, il s'en servit pour l'attaquer, le troublant la nuit, et le tourmentant le jour de telle sorte, que ceux qui se trouvaient présents voyaient le combat qui se passait entre eux.

Le démon présentait à son esprit des pensées d'impureté, mais Antoine les repoussait par ses prières. Le démon chatouillait ses sens, mais Antoine rougissant de honte, comme s'il y eût en cela de sa faute, fortifiait son corps par la foi, par l'oraison, et par les veilles. Le démon se voyant ainsi surmonté prit de nuit la figure d'une femme et en imita toutes les actions afin de le tromper; mais Antoine élevant ses pensées vers Jésus-Christ et considérant quelle est la noblesse et l'excellence de l'âme qu'il nous a donnée, éteignit ces charbons ardents dont il voulait par cette tromperie. embraser son coeur. Le démon lui remit encore devant les yeux les douceurs de la volupté; mais Antoine comme entrant en colère et s'en affligeant, se représenta les géhennes éternelles dont les impudiques sont menacés, et les douleurs de ce remords, qui comme un ver insupportable rongera pour jamais leur conscience.

Ainsi en opposant ces saintes considérations à tous ces efforts, ils n'eurent aucun pouvoir de lui nuire. Et quelle plus grande honte pouvait recevoir le démon, lui qui osé s'égaler à Dieu, que de voir une personne de cet âge se moquer de lui, et que se glorifiant, comme il fait, d'être par sa nature toute spirituelle au-dessus de la chair et du sang, de se trouver terrassé par un homme revêtu d'une chair fragile ? Mais le Seigneur qui par l'amour qu'il nous perte a voulu prendre une chair mortelle, assistait son serviteur, et le rendait victorieux du démon, afin que chacun de ceux qui combattent contre lui, puissent dire aven l'Apôtre : « Non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est en moi. (Vit. Ant., 4. P. L., 73, 129.)


  1. Saint Antoine, le patriarche des solitaires (mort vers 356 à l'âge de 105 ans). Ecoutant la lecture de l'Évangile, il entend comme adressées à lui-même les paroles : « Allez, vendez tous vos biens. » Il obéit et se donne à la vie solitaire. Sa réputation de vertu lui amène beaucoup de disciples. Importuné par les visites, il s'éloigne des rives du Nil. Il se fixe sur une montagne non loin de la Mer Rouge, où le monastère copte de Saint-Antoine garde son souvenir. — Il descendit à Alexandrie pour servir les martyrs. Il y retourna peu avant sa mort pour soutenir saint Athanase dans son combat contre les Ariens. ↩

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