• Start
  • Werke
  • Einführung Anleitung Mitarbeit Sponsoren / Mitarbeiter Copyrights Kontakt Impressum
Bibliothek der Kirchenväter
Suche
DE EN FR
Werke Wüstenväter Les pères du désert
CHAPITRE II LA LUTTE

III. La Grâce.

Quelle que soit la violence des démons, qu'ils agissent ou non sur les sens, c'est en définitive toujours en soi-même que l'athlète trouve le vrai champ clos du combat. A lui de résister, à lui de garder la paix en maintenant soumises et loyales ces puissances intérieures toujours portées à devenir complices de l'ennemi.

L'effort personnel, nos pères l'ont excité et exalté avec plus de force qu'aucun philosophe et aucun professeur d'énergie. Mais avec autant de conviction et d'insistance, ils ont prêché que toutes les ressources personnelles du plus vaillant athlète sont incapables de lui donner la victoire. Il sera certainement vaincu s'il ne reçoit pas le secours d'une force supérieure. Et il ne s'agit pas d'un secours extérieur mais d'un principe intérieur d'action, qui élève nos facultés.

Ce qui distingue les Pères du désert, et avec eux tous les Pères et docteurs, du philosophe étranger au dogme révélé, ce n'est pas tant qu'ils reconnaissent l'intervention d'esprits, bons ou mauvais, ou la Providence d'un Créateur, c'est la foi au Dieu fait homme agissant en ceux qu'il a rachetés. « Ce fut la première victoire d'Antoine ou plutôt la victoire du Sauveur par Antoine. Le contenu de la morale chrétienne, l'ensemble et les détails des obligations, peut être admis et défendu par un incroyant, mais non pas sa vraie philosophie, d'où on ne peut pas abstraire le rôle de la grâce. Sans elle l'ascète le plus courageux et le mieux exercé sera vaincu par la fornication. Et la grâce est nécessaire, non seulement dans les combats d'une extrême gravité, mais dans l'accomplissement de n'importe quelle action méritoire.

Cassien aurait pu compléter sa première conférence en tirant les conséquences du principe fondamental : nos actions sans la grâce n'auraient pas de proportion avec la fia bienheureuse, nous ne pourrions sans la grâce diriger notre intention vers elle et, par conséquent, nous ne pourrions pas poser la moindre action vraiment bonne. Ainsi, pour l'intelligence de notre vie morille, il est nécessaire de rappeler le dogme de notre élévation surnaturelle, de la chute et de la rédemption.

Cassien développe les principes : s'attribuer à soi-même comme au seul auteur les bonnes oeuvres, c'est commettre un vol sacrilège.

Il faut voir Dieu agissant dans l'inspiration généreuse, dans l'action, dans la persévérance.

L'intelligence laissée à elle-même aura d'un livre saint une connaissance qui paraîtra complète ; sans la lumière d'en haut elle n'aura pas saisi ce qui est utile au salut.

Les premiers mouvements, les désirs, les décisions, les efforts, s'ils ne sont pas vains, ont Dieu pour auteur.

Ces affirmations catégoriques, ce n'est évidemment pas la raison laissée à elle-même qui les présente, quoique par une observation dont il a l'habitude, celui qui vise à la perfection puisse en percevoir parfois la vérité par sa conscience. L'indigence qu'il sent en lui-même lui permet de supposer chez tous les hommes rachetés un besoin pareil qu'ils peuvent confusément sentir. Mais comment faire avouer à tous cette impuissance, faire admettre la nécessité du secours? Celui qui n'a pas l'humble foi de nos solitaires s'étonnera, voudra venger la dignité de la personne humaine, proclamera le témoignage rendu par sa conscience au pouvoir qu'il a en lui, se récriera contre les conséquences qu'il entrevoit déterministes et fatalistes.

Nos maîtres et nos amis du désert n'ont pas de peine à saisir ces étonnements. Si la doctrine révélée n'a rencontré chez eux nulle répugnance, ils ont eu très vive la crainte d'une fausse interprétation.

Suivez les préoccupations de Cassien de ne pas compromettre le libre arbitre. Comme il y revient! Il s'est posé avec d'autres la question : Si Dieu fait tout, quelle part d'action reste à l'homme? Même admise une part de l'homme, si Dieu détermine les secours efficaces, comment l'homme sera-t-il libre? Il essaie de résoudre le problème. A certains moments il s'engage dans des explications aventureuses et emploie des formules suspectes. Mais il ne reste pas longtemps sur ce terrain dangereux, il revient à des positions sûres. Que dit-il autre chose que Bossuet : « Tenons fortement les deux bouts de la chaîne... »?

N'examinant pas l'orthodoxie de Cassien et ne faisant pas l'histoire de ce mouvement d'idées ou de cet état d'esprit, qu'au XVIe siècle on a nommé semi-pélagianisme, nous ne citons que les textes affirmant la doctrine catholique. Dans les phrases qui ont excité le réquisitoire de Prosper, Cassien, cesse-t-il d'être le témoin de la tradition du désert? Certainement non, si l'on regarde la tendance profonde. En montrant de la surprise devant certaines formules de saint Augustin, Cassien manifeste le sentiment des Pères Orientaux. Lorsque, sortant de son rôle d'exhortateur spirituel, il hasarde des propositions qui peuvent fournir les premiers traits d'un système théologique, il ne parle pas autrement que saint Jérôme et d'autres Pères. Mais il n'a pas su tenir compte du progrès des idées et de la controverse ni mettre ses formules au point.

Au temps de la controverse de auxiliis, les partisans de la Science Moyenne furent accusés d'être les disciples de Cassien. Ils se justifièrent; la logique de leur système ne les obligeait pas à admettre les expressions dénoncées chez le collateur. Mais nous ne croyons pas nous aventurer en disant que si Cassien avait soumis son manuscrit à un moliniste, ce dernier n'aurait eu à corriger ou à élaguer que quatre ou cinq phrases pour éviter à son ami le danger de toute censure.

L'émotion de Dorothée en racontant l'histoire de la pauvre enfant abandonnée à des païens, sa sympathie qui se refuse à la damner ne l'inclinaient pas vers le système des augustiniens rigides sur la prédestination.

La confiance ne les quitte pas quand ils contemplent le terrible mystère. Ils pensent à la puissance de la supplication, cette revanche de notre faiblesse, ils voient avec Climaque la grâce accordée à la prière, et sans se laisser troubler par les discussions, ils résument toute leur doctrine dans le commentaire du Deus in adjutorium que l'Eglise après eux a pris l'habitude de répéter dans sa prière publique, lex orandi, lex credendi.

pattern
  Drucken   Fehler melden
  • Text anzeigen
  • Bibliographische Angabe
  • Scans dieser Version
Download
  • docxDOCX (307.07 kB)
  • epubEPUB (288.23 kB)
  • pdfPDF (1.02 MB)
  • rtfRTF (0.96 MB)
Übersetzungen dieses Werks
Les pères du désert
Kommentare zu diesem Werk
Introduction dans les pères du désert

Inhaltsangabe

Theologische Fakultät, Patristik und Geschichte der alten Kirche
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Impressum
Datenschutzerklärung