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Œuvres Pères du désert Les pères du désert
CHAPITRE III SOLITUDE ET DÉPOUILLEMENT
II. — Le dépouillement.

Prévoyance blâmable.

Les anciens Pères racontaient qu'il y avait un jardinier qui travaillant avec grand soin, employait à faire des aumônes tout ce qu'il gagnait, et retenait seulement pour lui ce dont il avait besoin pour vivre. Mais le démon lui ayant mis dans l'esprit d'amasser quelque argent pour se faire assister quand il serait vieux ou infirme, il remplit d'argent une petite bouteille. Étant quelque temps après tombé malade, et s'étant fait un grand apostume à l'un de ses pieds, il donna inutilement tout ce qu'il avait amassé à des médecins, dont l'un des plus habiles lui dit qu'il fallait de nécessité lui couper le pied. Le jour ayant été pris pour cette opération, il rentra la nuit en soi-même, et étant touché de sa faute, dit avec beaucoup de larmes et de soupirs : « Souvenez-vous, mon Dieu, des bonnes oeuvres que je faisais, lorsque travaillant dans mon jardin, je donnais tout ce que je gagnais aux pauvres. » Il n'eut pas plus tôt achevé ces paroles qu'un ange du Seigneur apparut et lui dit : « Où sont cet argent que vous aviez amassé, et cette confiance que vous aviez? » Alors, connaissant encore mieux quelle était la grandeur de sa faute, il répondit : « J'ai péché, Seigneur, je le confesse : mais pardonnez-moi, s'il vous plaît, et je n'y retournerai jamais. »

L'ange lui ayant ensuite touché le pied, il fut guéri au même moment, et après s'être levé de grand matin, s'en alla travailler dans son jardin. Le médecin étant venu à l'heure qui avait été résolue avec tout ce qui était nécessaire pour l'opération, lorsqu'on lui dit qu'il était sorti dès le matin pour aller travailler dans le jardin, il en fut si étonné qu'il fut le trouver, et le voyant labourer la terre, rendit grâce à Dieu de ce mi-racle. (Pélage, VII, 21. P. L., 73, 892.)

*

  • *

Un solitaire ayant demandé à un saint vieillard : « Mon Père, trouverez-vous bon que de l'argent que j'ai reçu de mon travail, j'en retienne deux écus pour les besoins que je puis avoir, à cause de mes infirmités corporelles? » Le serviteur de Dieu jugeant qu'il désirait de retenir ces deux écus lui dit : « Vous pouvez les retenir. » Le solitaire étant de retour dans sa cellule se trouva combattu en lui-même, et disait : « Ce bon père a-t-il approuvé ou désapprouvé mon dessein ? » Il vint le retrouver ensuite, et lui dit : « Je vous en prie, au nom de Dieu, mon père, de me dire avec sincérité quel est votre sentiment touchant ces deux écus dont je vous ai parlé, car je sens beaucoup de trouble et d'agitation dans mon esprit sur ce sujet.» Le saint vieillard lui répondit : « Il est vrai que je vous ai dit de les retenir à cause que j'ai reconnu que vous en aviez le désir; et je ne l'aurais pas fait sans cela, parce qu'on ne doit pas réserver davantage d'argent que ce dont on a besoin pour sa nourriture. Votre espérance n'est-elle fondée que sur ces deux écus que vous pouvez perdre? Et Dieu n'a-t-il pas soin de nous? Mettez toute votre confiance en lui, et il ne vous abandonnera pas. » (Pélage, VI, 22. P. L., 73, 892.)

Misérable condition de ceux qui ayant généreusement quitté leur fortune, se laissent reprendre par de petits objets.

C'est par le défaut de cette application continuelle à notre premier dessein, qu'il arrive quelquefois que des personnes qui avaient quitté sans peine de grandes richesses et de grandes terres, se mettent en colère ensuite pour une aiguille qu'on leur ôte, pour une plume, pour une écritoire, ou autre chose semblable. Si ces personnes avaient toujours pour but le soin de purifier leur coeur, elles ne tomberaient jamais dans ces fautes pour de si petits sujets après avoir mieux aimé se dépouiller de tout, que de se mettre en danger de les commettre dans des choses plus précieuses. Nous en voyons quelquefois parmi nous qui sont si jaloux de quelque livre de piété, qu'ils ne peuvent souffrir que,les autres le lisent, ou le touchent le moins du ponde, et ils prennent sujet de tomber dans l'impatience, et de se mettre en danger de se perdre, de ce qui aurait dû leur servir à acquérir la patience et la charité. Après avoir donné tous leurs biens aux pauvres pour l'amour de Jésus-Christ, ils retiennent encore leurs premières affections dans des choses de néant. Ils prennent feu aisément, et se mettent en colère pour les conserver, et perdent, par le défaut de cette charité chrétienne et apostolique, tout le fruit de leur première action qui leur devient entièrement inutile.

C'est ce malheur que saint Paul prévoyait autrefois, lorsqu'il disait : « Quand je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres, et que je livrerais mon corps aux flammes, tout cela ne me servirait de rien, si je n'avais la charité. »

Ce qui nous marque nettement qu'on ne devient pas tout d'un coup parfait pour s'être dépouillé de tous ses biens, et pour avoir renoncé à toutes les dignités, si l'on n'est animé dans ses actions par cette charité dont saint Paul décrit les effets et comme les branches, et qui consiste uniquement dans la pureté du coeur. Car qu'est-ce autre chose de n'être point à charge, de ne s'enfler point d'orgueil, de ne s'aigrir point, de ne rien faire tumultueusement, de ne chercher point ses propres intérêts, de ne se réjouir point de l'injustice, de n'avoir point de mauvais soupçons, et le reste dont parle saint Paul, sinon offrir sans cesse à Dieu un coeur parfait, un coeur tout pur, et dégagé du trouble et du dérèglement de toutes les passions? (Coll., I, 6. P. L., 49, 488.)

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